mercredi 8 octobre 2008

S : Saint Sever Etude de géographie urbaine 1971 - 2ème partie

ARTICLE EN RECONSTRUCTION SUITE A FAUSSE MANOEUVRE

DEUXIEME PARTIE :  PAGES ALLANT DE 41 A 79

                                                                                                                            41
DEUXIÈME PARTIE


Etude de l'évolution et des activités
de la population


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Chapitre I

TRAITS CARACTÉRISTIQUES DE LA POPULATION

Courbe de la population de 1801 à 1968 (figure n° 11)

Tableau de l'évolution de population

St Sever
Evolution


St Sever
Evolution
1801
1806
1822
1831
1836
1846
1851
1856
1861
1866
1872
1876
1881
5 368
5 266
5 400
5 494
5 863
5 238
5 010
4 882
4 808
4 818
4 980
4 799
4 916

– 102
+138
+  94
+369
– 625
– 228
– 128
   74
+ 10
+ 62
–181
+117

1886
1891
1896
1901
1906
1911
1926
1931
1936
1946
1954
1962
1968
4  864
4 869
4 805
4 769
4 769
4 664
4 527
3 967
3 855
3 727
3 822
3 983
4 360
  52
+   5
  64
  46

–105
–137
–560
–112
–128
+  95
+161
+377

Comme nous l'avons déjà dit, c'est seulement en 1968 que St Sever a récupéré sa place de ville (1911 : 2 200 agglomérés). En 1962, la population agglomérée s'élevait à 1 998 habitants, chiffre curieux certes, mais contraignant. En 1968, la population agglomérée augmente de 808 habitants et la population éparse diminue de 431 unités. En 1968, Saint Sever est la 11ème ville du département après avoir été jusqu'en 1850 la première.
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La population comporte peu d'étrangers non naturalisés. Il y avait en 1968, 27 espagnols, 6 allemands, 3 italiens, 1 suisse, 7 portugais et 1 chinois, soit 0,9 % de la population alors que les Landes en possèdent 3,2 % et la France 5,5 %. Les activités saint-séverines ne sont pas encore assez importantes pour attirer de nombreux ouvriers étrangers.
Composition par âge : Pyramide des âges au 1er mars 1968 : figure n° 10
Elle est issue des listes nominatives du recensement de 1968. Ainsi, nous avons pu dresser une pyramide générale de base point par point avec la représentation des 7 districts de recensement, des situations familiales et des actifs. Ensuite, nous avons groupé par bande de 3 ans ce qui nous a permis d'obtenir la pyramide des âges avec les actifs (croquis n° 12).
L'étude doit être d'abord faite sur l'ensemble de la population tout en tenant compte de certains traits caractéristiques de la pyramide de chaque sexe. La somme est dissymétrique au-dessus de 55 ans. Les hommes des années 1880-1900 sont peu nombreux par rapport aux femmes. Il s'agit ici des effets à long terme des hécatombes de la guerre 1914-1918. St Sever a eu 142 tués au champ d'honneur. Entre 1900 et 1914, la différence est aussi sensible : elle est due tout d'abord aux lois générales de la mortalité chez les humains (les hommes vivent mois âgés) mais aussi l'alcoolisme masculin. Le déficit des naissances durant le premier conflit mondial est sensible ainsi que la reprise démographique du début des années 1920. A partir des années 1930, la pyramide possède des originalités. La diminution des naissances due à la montée des classes creuses de 1914-1918 est atténuée par la présence de couples de militaires nés durant la décennie 1930-1940. la nouvelle période des hostilités crée un rétrécissement provenant du manque d'adultes en âge de procréer de la génération 1914/1918 et du départ des hommes. L'explosion démographique est ici marquée mais l'exode des jeunes à partir de 16 ans rétrécit un peu la pyramide à cet endroit. De 1950 à 1958, la base garde la même taille en raison du taux de natalité élevé. Après 1958, le rétrécissement est diminué par les enfants des militaires mais est plus sensible que sur la pyramide nationale.
D'après cette pyramide et les recensements antérieurs de 1954 et 1962, nous avons pu calculer les pourcentages suivants :


1954
1962
1968

St Sever
St Sever
Mt de Marsan
St Sever
Hagetmau
Landes
France
0 à 24 ans
25 à 64 ans
65 ans et plus

0 à 20 ans
20 à 64 ans
65 ans et plus

Hommes
Femmes
33 %
50 %
16 %
35,4 %
47,8 %
16,8 %




33,4 %
54,8 %
11,8 %
37,2 %
46,5 %
16,3 %

34,2 %
49,8 %
16 %

47,2 %
52,6 %




33,8 %
53,6 %
12,6 %

47,4 %
52,8 %




29,6 %
53,9 %
16,5 %




32,2 %
54,4 %
13,4 %

47,8 %
52,2 %


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St Sever rajeunit depuis 1954. En effet, les moins de 24 ans qui représentaient 33 % de la population à cette époque passe à 57,2 % en 1968 (la croissance des éléments jeunes se fait uniformément chez les deux sexes. Les adultes de 25 à 64 ans diminuent en chiffre relatif de 50 % à 46,5 %. Cela provient de la stagnation  de l'élément féminin 1012 en 1954 et 1020 en 1968. Par contre, le rajeunissement, le début du redressement économique avec les créations d'emplois l'arrivée des militaires font croître la population adulte masculine : 885 en 1954 contre 1012 en 1968. Cette évolution se reflète sur la population totale et ainsi les hommes gagnent entre 1962 et 1968, 1 %  soit environ 40 éléments. St Sever se rapproche à nouveau de la moyenne nationale mais il y a encore 0,4 % de différence. Dans les couches de plus de 65 ans, le pourcentage reste stable autour de 16 %. La différence entre les deux sexes ne s'accentue pas, mais elle ne reste plus importante que sur la pyramide française en raison des morts de la grande guerre et de l'alcoolisme.
La prévision d'après la pyramide de 1968 s'avère impossible de 0 à 40 ans. Les mutations économiques, l'évolution de l'emploi à St Sever troublent cette possibilité d'étude. Nous ne savons pas à l'avance l'importance de l'émigration des jeunes nés de l'essor démographique d'après la 2ème guerre. Le seul fait certain est la diminution de la mortalité à partir de 1980 en raison du creux de 1914-1918.
Il est bon de comparer ces structures par âge avec celle de Hagetmau, ville voisine et un peu moins peuplée, celles des Landes et de la France. Avec 34,2 % de moins de 20 ans, St Sever se place en tête à cause de la présence déjà citée des couples de jeunes militaires. La ville est parmi les premières cités du département (Mont de Marsan en 1962 : 33,4 %). Par contre, pour les couches de 20 à 64 ans avec 49,8 %, St Sever se trouve loin derrière les autres pourcentages, ceci étant dû au manque d'emploi industriel pendant les cinquante dernières années. Les couches au-dessus de 65 ans sont aussi nombreuses que le département mais très supérieures à Hagetmau, Mont de Marsan et la France. L'arrivée de personnes âgées et l'héritage d'une population plus nombreuse née fin du XIXème et début du XXème siècle explique cette situation.
Structures des ménages :
Les 1 231 ménages ont de grandes différences dans leur composition et leur localisation. Nous l'avons déjà vu dans la première partie : la vieille zone urbaine a 2 ménages sur 3 qui possèdent moins de trois personnes alors que les ménages avec 6 ou plus de 6 personnes représentent près de 15 %.
La zone suburbaine a ses caractères propres. Les ménages avec 3, 4 personnes sont les plus nombreux ceci en raison de la composition des familles.
La zone éparse correspond à la structure rurale des ménages avec la présence caractéristique des personnes âgées de la famille (grands-parents et parfois tantes et oncles). Dans la campagne, près de 25 % des ménages ont 6 personnes ou plus. Par contre, les personnes seules sont rares.


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Sur toute la commune, la synthèse de l'étude précédente montre que sur les 1 231 ménages en 1968, les ménages de 1 ou 2 personnes représentent 38,4 % du total. Ce chiffre prouve que St Sever est une ville où les familles nombreuses sont relativement rares et où les personnes âgées quittent les jeunes couples.
Quelques aspects politiques et sociologiques des habitants de St Sever
- La politique nationale et St Sever :
Nous avons choisi volontairement les grandes élections nationales afin d'éviter les résultats où les opinions politiques passent souvent après les questions de personne. Les chiffres qui suivent sont probants et méritent quelques commentaires :
Sur le plan cantonal, l'influence des Saint-Séverins est plus forte, le conseiller général est toujours du chef-lieu de canton Dans ces élections, il est même rare de voir des représentants des communes rurales du canton.
Ainsi certains Saint-Séverins, s'ils jouent un rôle politique en Chalosse, il ne faut pas croire pour autant que la politique de cette région se calque sur celle de St Sever.
- Influence des aborigènes sur les autres Saint-Séverins :
Le meilleur moyen de comprendre le caractère est d'étudier la composition des deux derniers conseils municipaux et des deux listes présentées aux élections de mars 1971. Jamais le conseil municipal élu ou les listes des postulants n'ont représenté la répartition des lieux de naissance de la population ni la "réalité socioprofessionnelle" Ce fait s'explique par la grande influence des 43,5 % de Saint-Séverins nés dans la commune.
En 1965, le conseil municipal possédait 18 aborigènes sur 23. En mars 1971, la première lise possédait 18 aborigènes sur 23.
En mars 1971, la deuxième liste possédait 15 aborigènes sur 23. L'actuelle municipalité possède 17 aborigènes sur 23.
- Quelques traits sociologiques des Saint-Séverins :
Le Saint-Séverin moyen a toujours été catholique très pratiquant. Les couples issus uniquement du mariage civil et les divorces sont rares et quasiment tous les enfants sont baptisés. La messe dominicale est très suivie et le clergé en dit 10 par week-end pour les 4 360 paroissiens des 2 paroisses Saint-Séverines. Le clergé se compose de 6 prêtres. Il faut noter que de nombreux enfants de St Sever ont occupé et occupent de grandes fonctions ecclésiastiques locales ou internationales. C'était le cas du Père CLOCHE né en 1628 et qui fut général des Dominicains de 1686 à 1720. De nos jours, les archiprêtres de Dax, de Mont de Marsan, les curés de Pouillon, Grenade, Biscarosse, Rion, Luxey, Amou, sont originaires de St Sever.


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La forte proportion de bourgeois et de personnes âgées donnent des caractères particuliers. Le Saint-Séverin est conservateur, il aime l'ordre, il s'est longtemps laissé entraîner dans la fixité et même dans le fatalisme. La petite routine, le désintéressement pour de nouvelles activités, la méfiance dans le changement et la nouveauté sont aussi des traits caractéristiques des aborigènes. L'esprit de clocher mais aussi le chauvinisme entre quartiers et même entre rues s'ajoutent aux caractères précédents.
Au XVème siècle, RABELAIS caractérisait le soldat St Séverin GRATIANAULD par son habileté à donner "pics, tructs et patacts", de nos jours le citadin aime les fêtes, la tauromachie et le rugby.



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CHAPITRE II

UN MOUVEMENT NATUREL LONTEMPS DEFAVORABLE


Ce chapitre et le suivant vont servir à expliquer l'évolution de la population durant le XIXème et le XXème siècle. Pour cela, l'étude des mouvements naturels et migratoires doit commencer en 1801.

La natalité de 1801 à 1970 (figure n° 11)
La méthode de calcul est simple mais les travaux de recherche sont longs. Il s'agit de compter sur les registres des naissances les enfants dont les parents habitent dans la commune. Pour le XIXème siècle, ce travail est facile mais au XXème la présence de la maternité et de la clinique et les naissances Saint-Séverines à Mont de Marsan compliquent la tâche.

Etude de la courbe de la natalité jusqu'en 1970 :
L'explication de certains traits nécessite des données du chapitre suivant.
Au début du XIXème siècle, le taux baisse de 35 à 25 %. Il s'agit là d'un phénomène particulier à St Sever. La grosse augmentation de 1845-1860 est le contrecoup démographique de l'immigration des années 1831-1841. La chute brutale de 35 à 20 % provient des départs de St Sever des jeunes de 1845 à 1861. Le maintien de la natalité autour de 20 % jusqu'en 1880 résulte des effets d'un solde migratoire positif sous le Deuxième Empire et du contrecoup de l'explosion de la natalité autour de l'année 1850. Le léger infléchissement des années 1885-1900 est suivi par une petite reprise avant 1914, ce denier fait étant difficilement explicable. Par contre, le reste de la courbe reflète les tendances nationales. Les chutes dues aux deux guerres (6,6 % en 1917), le passage des classes creuses issues de 1914-1918 à l'âge de fécondité est indiqué sur la courbe. La nette reprise d'après 1945 à 1962. Puis la natalité chute pour atteindre 15,6 entre 1962 et 1968.


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Tableau de l'évolution du taux brut de natalité

                                                         1954-62              1962-68                1970

St Sever                                           20,1 %                15,6 %                15,8 %
                                                           18,2                     15                       
Hagetmau                                                                                                14,4
Unité urbaines landaises de
moins de 5 000                               17,5                     15,9
Département des Landes             16,6                     15,5
France                                              18,2                     18                        16,6


De 1954 à 1962, St Sever connaît un exceptionnel taux de natalité, surpassant toutes les autres données, en particulier les unités urbaines landaises de moins de 5 000. De 1962 à 1968? La baisse du taux qui est due au passage des classes creuses de 1930 à 1945 à l'âge de la fécondité, classe la commune près du taux moyen landais et loin derrière la moyenne française. Ce taux aurait été plus bas sans les militaires. En 1970, la natalité Saint-Séverine est supérieure à celle de Hagetmau de 1,4 % mais inférieure à celle de la France de 0,8 %.
Durant le XIXème siècle, St Sever possède un taux de natalité particulier dont les explications se situent dans l'histoire démographique locale. Depuis, le taux suit les fluctuations de la démographie française pour les tendances à la hausse ou à la baisse. Mais après 1945, la ville a un taux original si nous le comparons aux densités du tableau précédent.

La fécondité en 1962 et 1968 :
Il y eut 46 naissances en 1962 et 60 en 1968 pour respectivement 948 et 954 femmes en âge de procréer (15 à 50 ans) soit 48,5 % en 1962 et 63 % en 1968. Il ne faut pas voir dans ces chiffres une augmentation considérable. L'année 1962 connaît un taux de natalité exceptionnellement bas de 11,6 %, l'année 1961 par contre a vu 69 naissances soit un taux de 18,1 %.
L'année 1968 possède un chiffre acceptable puisque 1967, avec la population du recensement de 1962, a un taux de 15,1 % et 1969 a 13,8 %.
Le taux de fécondité est plus faible que celui de Mont de Marsan, 70 %, et le taux français, 80 % en 1968.


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La mortalité de 1801 à 1970 (figure n° 11)
Le taux de mortalité est le 2ème  élément qui entre dans l'étude du bilan naturel. La méthode est la même que pour la natalité.
Il nous a fallu tenir compte des morts chalossais à l'hôpital et la présence d'un hôpital militaire sous le 1er Empire. La mortalité Saint-Séverine à l'extérieur de la ville a été envisagée mais elle porte sur très peu de personnes. Nous pouvons les considérer comme négligeables.

Etude du taux de mortalité
Durant le 1er Empire, la mortalité voisine autour de 30 %, ce chiffre est très proche du taux national de l'époque : 29,8 %. Durant la Restauration, la courbe se stabilise à 22 % ce qui est inférieur aux 24,7 % de la moyenne nationale. Les variations de 1863 à 1869 sont difficiles à expliquer sans connaître les pyramides des âges de cette époque, la mortalité étant moins directement liée aux variations du solde migratoire. Les épidémies de choléra de 1832, 1834, 1849 et 1854 ne peuvent expliquer les variations de la mortalité saint-séverine comme cela est possible sur le plan national. Par contre, la brusque montée de 1870-1871(1870 : 30,4 % - 1871 : 37,2 %) provient des effets de la guerre. Après cette période, la baisse est devenue beaucoup plus rapide à partir de l'extrême fin du XIXème siècle.  De é&,9 % en 1876, la mortalité passe à 16,6 %en 1900 et 1904. La France, pendant le début de la IIIème République connaît une évolution identique. La guerre de 1914-1918 avec ses 142 tués au combat fait augmenter la mortalité qui passe de 17,9 % à 20,9 %, puis baisse peu à peu pour atteindre 13 % en 1950. Cette différence s'explique par l'exode des jeunes durant le XXème siècle, le vieillissement général de la population Saint-Séverine et aussi un manque de confort et d'hygiène dû à de vieux logement insalubres.

Tableau de l'évolution de la mortalité de 1954 à 1970

                                                         1954-62              1962-68                1970

St Sever                                           13,4 %                12,8 %                12,6%
                                                           12,8                     14,2                    
Hagetmau                                                                                                11
Unité urbaines landaises de
moins de 5 000                               13,2                     12,4
Département des Landes             13,8                     13,1
France                                              12                        11                        10,5

                                                                                                             52

L'année 1954 marque un tournant dans la mortalité à Saint-Sever et depuis, le taux baisse peu à peu suivant ainsi les unités urbaines landaises de moins de 5 000 habitants.
Les communes rurales du canton subissent l'évolution inverse en raison de l'exode rural qui provoque le vieillissement de la population. Le département a un taux de baisse très lent en raison de la forte proportion de communes en déclin.
Saint-Sever en 1970 est encore loin du taux français contrairement à Hagetmau qui possède une population âgée moins importante en raison de la récente augmentation de la population en élément adulte-jeune.

Bilan naturel de 1801 à 1970 (figure n° 11)
La somme algébrique des naissances et des décès pour une année est le bilan naturel. Nous avons fait ce calcul pour Saint-Sever depuis 1801.

Etude du bilan naturel de 1801 à 1953 :
Au début du XIXème siècle, il diminue et devient négatif entre 1833 et 1842. Ensuite, la brusque montée de la natalité rend positif et il atteint 10,6 % autour de 1850. La chute vertigineuse de la natalité vers 1863 rend le bilan naturel négatif jusque vers 1900 avec une grande baisse en 1870. La période durant laquelle les naissances dépassent les décès est éphémère et en 1910, le bilan redevient négatif à cause des 2 guerres mondiales et de la crise démographique de l'entre deux guerres. L'explosion des naissances d'après 1945 rend à nouveau le bilan naturel positif.

Etude des excédents naturels de 1954 à 1970 et comparaison avec d'autres excédents naturels :

                                                         1954-62              1962-68                1970

St Sever                                           + 5,3 %               + 1,8 %               + 0,37 %
                                                           + 4,2 %               + 0,4 %              

Hagetmau                                        - 1,2 %                + 4,3 %               + 0,34 %
Unité urbaines landaises de
moins de 5 000                               - 3,4 %                + 2,2 %
Département des Landes             + 2,3 %               + 1,5 %
France                                              + 5,6 %               + 4,2 %               + 0,61 %


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Saint-Sever est dans le canton un cas particulier car la baisse de l'excédent naturel est moins sensible que dans les communes rurales. La commune de Hagetmau est une exception avec l'étonnant redressement de 1962 à 1968. Il est bon de noter la bonne position du CAP de GASCOGNE de 1954 à 1962 dans le département. La forte baisse de natalité de 1962 à 1968 n'est pas compensée par le léger recul de la mortalité, ce qui explique la position défavorable par rapport aux unités urbaines de moins de 5 000 habitants et à la moyenne française. La situation semble s'améliorer en 1970 si nous comparons avec Hagetmau et avec la moyenne nationale. Dans un proche avenir, l'excédent naturel peut s'améliorer si l'émigration des jeunes ne s'accentue pas. En effet? l'arrivée à l'âge de la fécondité des classes nées après 1945 pourrait permettre l'accroissement de l'excédent naturel. La baisse de la mortalité n'est pas envisageable avant 1980-1985, époque où les classes creuses de 1914-1918 disparaîtront.




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CHAPITRE III

Le mouvement migratoire et
son récent redressement


Etude du solde migratoire de 1821 à 1953 (figure n° 12)

Calcul du solde migratoire :
L'excédent de population est le résultat de la somme algébrique de l'excédent naturel et de l'excédent migratoire.
Nous pouvons écrire :
Excédent de la population (E)  = Bilan naturel (BN) + Bilan migratoire (BM)

Connaissant l'excédent de la population entre deux recensements, le bilan naturel peut être calculé pour la même période ; nous pouvons en déduire le bilan migratoire ou solde migratoire. Soit :
BM = BN – E
                                                                            Solde M par an
1821-1830 : +  94  – ( +      161) =                          67                   7
1831-1840 : + 369 – (–         10) =                     +   379         +       38
1841-1850 : + 853 – ( +       422) =                     1 275              128
1851-1860 : – 202 – ( +       492) =                        694                69
1861-1870 : + 172 – (–        173) =                     +   245         +       22
1871-1880 : –   64 – (–         92)  =                     +     28         +         3
1881-1890 : – 145 – (–        136) =                             9                   1
1891-1900 : – 100 – (–          96) =                            4                   0,5
1901-1910 : – 105 – ( +         77) =                        182               18
1911-1930 : – 697 – (–        585) =                        112                   6
1931-1935 : – 112 – (–          99) =                          13                   3
1936-1945 : – 132 – (–          78) =                     +     46         +         5
1946-1953 : +   95 – (            0) =                     +     95         +       12

Nous n'avons pas effectué ce calcul pour la période 1801-1821, le manque de recensement et l'incertitude du bilan naturel nous est apparue trop importante.

                                                                                                      55

 

                                                                                                                              56
Etude du solde migratoire
De 1821 à 1911, en raison des recensements réguliers sauf celui de 1872, le solde migratoire est calculé pou une période de 10 ans. Le manque de comptage de la population en 1916 et 1921 nous a obligé à déterminer l'excédent migratoire pour une période de 20 ans. Depuis 1931, le solde est calculé pour chaque période comprise entre 2 recensements.
Les fluctuations économiques du XIXème siècle nous permettent d'expliquer ces diverses tendances. Le léger déficit des années 1820 est issu du départ de quelques jeunes vers les villes et aussi vers Mont de Marsan qui se développe depuis son élévation au rang de chef-lieu de département. Le fort excédent migratoire de 1831-1840 semble parvenir de l'exode rural. La campagne environnante se vide, en particulier la Chalosse, des jeunes qui espèrent trouver du travail et la fortune à Saint-Sever. Le Cap de Gascogne sert de premier relais pour l'exode rural. Les migrants vite déçus par le manque d'emplois industriels fuient Saint-Sever pendant les 2 décennies suivantes.
Ainsi, durant les années 1841 à 1860, Saint-Sever voit 1 979 habitants de déficit dans le solde migratoire, soit 100 par an. Après un redressement important, pendant la fin du second Empire qui favorise Saint-Sever, le solde migratoire est voisin de 0 jusqu'à 1900.
Ce fait prouve le peu d'attraction du Cap de Gascogne en cette fin du XIXème siècle. Le manque de création d'activité industrielle liée à la première révolution économique en est la cause profonde. La carence d'emploi gêne les jeunes du début du XX ème siècle et l'émigration s'accélère. Elle est de – 182 en 1901 et de – 112 de 1911 à 1930. Les créations d'entreprises pendant l'entre-deux guerres (gravières, faïences, sièges et bois) et leur développement ultérieur atténuent dans un premier temps le déficit migratoire (1931-1935) puis le solde devient positif. De 1936 à 1945, malgré la guerre, le bilan migratoire est de + 46 personnes et le phénomène s'accentue : 95 de 1946 à 1953. L'arrivée des pétroliers et des touts premiers militaires aident ce redressement.
Indice d'émigration des aborigènes nés entre 1928 et 1955 (figure n° 14)
Il s'agit à partir des listes nominatives du recensement de 1968 et des registres des naissances de connaître le nombre d'aborigènes qui ont quitté la commune ou qui sont morts. Le calcul est simple mais il nécessite l'axiome suivant : la mortalité est très faible de 13 à 40 ans et si nous le négligeons, nous pouvons écrire :
L'émigration approximative égale les naissances pour une année moins les personnes recensées en 1968, nées la même année qui vivent encore dans la commune.
Si nous prenons :           E         pour l'émigration approximative
N         pour les naissances pour une année
P         pour les personnes recensées en 1968 nées la même année
                   habitant encore Saint-Sever
nous pouvons dire :       E =     N - P

                                                                                                                          57
Si nous calculons le rapport N – P nous obtenons l'indice approximatif d'émigration.                                        N
Nous avons le tableau suivant :
Années
N
P
N - P
N – P
P
1928
1929
1930
1931
1932
1933
1934
1935
1936
1937
1938
1939
1940
1941
1942
1943
1944
1945
1946
1947
1948
1949
1950
1951
1952
1953
1954
1955
49
74
53
52
57
50
38
65
55
45
45
59
48
42
34
42
51
52
61
66
70
52
67
60
74
60
73
62
18
25
20
20
23
10
10
21
22
15
24
22
13
10
18
14
13
15
20
33
31
29
42
29
47
34
45
42
31
49
33
32
34
40
28
44
33
30
21
37
35
32
16
28
38
37
41
33
39
23
29
31
27
26
28
20
63,3 %
66,2 %
62,3 %
61,6 %
59,6 %
80,0 %
78,5 %
67,7 %
60,0 %
66,6 %
46,6 %
62,6 %
73,0 %
76,1 %
47,0 %
66,6 %
74,5 %
71,1 %
67,3 %
50,0 %
55,8 %
44,2 %
42,3 %
51,6 %
36,5 %
43,3 %
38,3 %
32,3 %

La tranche d'âge de 13 à 40 ans permet de juger du phénomène d'émigration depuis 1945. En effet, après la guerre, les habitants qui ont 40 ans en 1968 avaient 17 ans et ils arrivaient tout juste sur le marché du travail. De 22 ans à 40 ans (1928-1946), 2 habitants sur 3 ont quitté Saint Sever. Ce fait s'explique par le sous-emploi chronique des années 1945-1965.
De 15 à 21 ans, près de 1 sur 2 a émigré. Chez les moins de 14 ans, l'émigration tombe de 1 sur 3. D'après ces chiffres, nous sentions trois périodes :
- La première période : l'enfant et l'adolescent sont à l'école ; l'émigration provient du départ des parents.
- Le début de la deuxième période se situait à 14 ans et maintenant à 16 ans, c'est l'entrée dans la vie active. La cassure est très marquée sur le tableau précédent :
              14 ans en 1968 : 38,3 % - 17 ans en 1968 : 51,6 %

                                                                                                    58

- La troisième période  est le retour du service militaire :
              21 ans en 1968 : 50 % - 22 ans en 1968 : 67,3 %

Le taux se maintient par la suite.
La pyramide avec les aborigènes (figure 15) est une illustration de ce phénomène. Le recensement de 1968 ne permet pas cette méthode de connaître l'influence des créations de la deuxième moitié des années 1060. Les prochains recensements pourront élucider cette question.

Etude du solde migratoire de 1954 à 1961 :
Les chiffres proviennent de l'INSEE. Nous pouvons dresser le tableau suivant :
Saint-Sever                                                      -   1,7 % (-64)
Communes rurales du canton                     -   5,1 %
Hagetmau                                                        + 12,8 % (+ 385)
Unités urbaines de moins de 5 000 hab.   +   4,4 %
Départements                                                 +   2,7 %

L'arrivée de militaires et d'employés à l'abattoir de volailles et à la SICA Foies gras expliquent cette brusque montée du solde migratoire qui passe à + 306 soit 7,7 %. La ville est un îlot florissant au milieu d'un canton qui connaît un bilan migratoire négatif (-5 %) qui a baissé à + 240 soit 7,2 %. Par contre, Saint Sever est derrière les unités urbaines landaises de moins de 5 000 habitants qui ont un solde migratoire record à cause de certaines villes comme Biscarrosse, Parentis, Morcenx, etc ..
Le taux départemental n'a pas de grande valeur à l'échelon local en raison des énormes différences entre les taux des villes de moins de 5 000 habitants et le taux des petites communes des régions en déclin.

- Calcul des immigrants et des émigrants :
Le solde migratoire est la somme algébrique des immigrants et des émigrants. Les immigrants sont calculés d'après les listes nominatives de 1968. Parmi les données de ce document figure  le changement de lieu d'habitation depuis 1962.

Nous pouvons connaître les "arrivants bruts" c'est à dire les nouveaux Saint Séverins venus soit par migration soit par naissance. Le décompte des naissances Saint Séverines à Saint Sever ou à la maternité de Mont de Marsan permet de calculer des immigrants. Nous pouvons ainsi dresser le tableau suivant en fonction des 7 districts du recensement :

           59

                                                                                                                               61

 

Arrivants bruts – Naissances Saint Séverines = Immigrants

I1 = 428 –     9 =         419  (Cité Montadour)

I2 = 176 –   46 =          130

I3 = 226   39 =          187

I4 = 139 –   34 =          105

I5 = 151 –   50 =            93

I6 = 151 –   47 =          104

I7 = 106 –   43 =            63

 

  Immigrants =       1 101

Connaissant le solde migratoire et les immigrants, nous pouvons calculer les émigrants.

Soit 306 = 1 101 – émigrants

Emigrants = 795

Il est donc arrivé 1 101 personnes soit 184 par an et il en est parti 132 par an.

Age des immigrants (figure 14)

Il provient aussi des listes nominatives du recensement de 1968. De ce calcul, se dégagent des grandes dominantes :

27,2 %   du total des immigrants ont entre                       0 et 10 ans

19,2  %                             do                              11 et 25 ans

31,3 %                              do                                       26 et 40 ans

22,3 %                              do                                       au-dessus de 40 ans

 

Saint Sever a gagné de 1962 à 1968 des éléments jeunes. Il s'agit en majorité des militaires. Les couples de 26 ans à 40 ans sont accompagnés par plusieurs enfants de 0 à 10 ans. Nous retrouvons ci la pyramide des âges de la Cité Montadour. Les immigrants de 55 à 70 ans sont constitués de retraités qui viennent ou reviennent au pays. Au-delà, les immigrants sont presque tous des nouveaux pensionnaires de l'Hospice ou des personnes âgées qui arrivent pour vivre avec leurs enfants.

 

Lieu de naissance des Saint Severins en 1968 (figure 10)

Les chiffres sur la commune comprennent toute la population et sont extraits des listes nominatives du recensement. Pour Hagetmau, les pourcentages sont issus des listes électorales et ils sont donc moins précis.


62

 

1968

Commune

Canton

Sud-Est Landes

Reste des Landes

Mont de Marsan

Départem. voisins

France

Outre-Mer

Etrangers

St Sever

43,5 %

10 %

10,1 %

4,4 %

5,2 %

7 %

15,3 %

2,8 %

1,6 %

 

Hagetmau

44,3 %

15 %

25,0 %

9,0 %

1,4 %

12,78 %

 

 

 

 

Ce tableau est pour St Sever le prolongement d'un passé récent et reflète exactement les fluctuations du solde migratoire au XXème siècle.

Si les gens nés dans la commune fournissent le même pourcentage à St Sever et Hagetmau, les habitants nés dans le canton, dans le Sud-Est des Landes (région du département située au sud du Midou et de la Midouze, à l'est d'une ligne Tartas-Tilh) et dans le reste des Landes, sont répartis de façon différente dans les deux villes. Hagetmau a attiré à elle des chalossais et des landais en quête de travail. Les faibles offres de travail de St Sever se ressentent sur ces chiffres (Hagetmau 40 % et St Sever 25 %). St Sever a un nombre important d'habitants nés à Mont de Marsan en raison de l'immigration de nombreux militaires venant avec leurs enfants du chef lieu. Le fort pourcentage d'habitants nés hors d'Aquitaine et dans les territoires d'Outre Mer s'explique aussi par les militaires et leurs enfants.

 

Le mouvement migratoire du 1er mars 1969 au 28 février 1971 :

Faute de recensement plus récent, cette étude provient du dépouillement des rectifications des listes électorales. Il nous faut déplorer la disparition des feuilles de ce document entre le 1er mars 1968 et le 28 février 1969. Cette carence nous empêche de joindre cette étude avec le recensement.

Les tables rectificatives des listes électorales comprennent des subdivisions : les additions et les radiations.

Parmi les additions, nous comptons les immigrants et les jeunes Saint Séverins qui arrivent en âge de voter. Dans les radiations, nos trouvons les émigrants et les morts. Le décompte est facile à effectuer et ainsi, nos obtenons les chiffres suivants :

Additions brutes : 349 avec 252 immigrants

Radiations brutes : 222 avec 115 émigrants

Nous avons donc un solde migratoire apparent de + 137 pour 2 ans, soit 15,7 % par an.

La comparaison ne peut être faite avec le solde migratoire absolu de 1962 à 1968 en raison de l'absence sur les listes électorales des éléments jeunes, en particulier les adolescents qui fournissent une grande partie des émigrants. L'opération immigrante moins radiations brutes (émigrants + morts)  donne l'évolution de la population adulte. Ce chiffre est de plus de 30 pour 2 ans. Nous ne pouvons pousser plus en avant l'évolution actuelle de la population en raison de la méconnaissance de l'importance de l'émigration adolescente face à la natalité …

                                                                                                                             63

Age des migrants (figure 15)

La majorité des immigrants ont de 21 à 40 ans mais l'arrivée de retraités et de vieux à l'Hospice est notable à partir de 60 ANS. Les émigrants se situent dans les classes jeunes (militaires, fonctionnaires mutés, mais aussi certains ouvriers), les personnes âgées restent au pays, l'émigration est inexistante à partir de 70 ans.

 

Lieux d'arrivées et de départs des migrants :

 

 

Lieux d'arrivées

Lieux de départ

Excédent

% des excédents

Canton

Sud-Est des Landes

Mont de Marsan

Landes

Départements voisins

France

30

45

11

21

32

113

8

27

13

11

15

41

+ 22

+ 18

-   2

+ 10

+ 17

+ 72

16,1 %

13,1 %

 

7,3 %

12,4 %

52,5 %

 

Il notable de voir la moitié des excédents migratoires se dirigeant vers la France. Les immigrants venant de la France sont composés de militaires et de retraités. Les émigrants sont essentiellement des militaires. Le déficit avec Mont de Marsan s'explique par l'attraction du chef lieu et par le départ de migrants journaliers vers la première ville des Landes. L'excédent positif avec le canton et le sud-est des Landes provient des créations récentes d'emploi au Cap de Gascogne.

Connaissant les bilans naturels et les soldes migratoires depuis 1821, l'étude de l'évolution de la population est maintenant possible.


 

64

 

CHAPITRE IV

 

ETUDE DE L'ÉVOLUTION DE LA POPULATION

 

L'analyse des deux soldes permet de connaître l'origine de l'évolution de la population entre 2 recensements. Nous avons choisi les recensements des années impaires (1821-1931-1941, ..) jusqu'en 1931, puis ensuite tous les recensements   (figure n° 12).

De la figure 12, nous retenons 5 grandes périodes dans l'évolution de la population.

De 1801 à 1840 : forte croissance

Au début, la hausse est due à l'excédent naturel mais il est remplacé par le fort excédent migratoire des années 1830. La cause de ce phénomène, nous l'avons déjà vue, est l'exode rural vers Saint-Sever qui devient une "ville-relais".

De 1841 à 1860 : la première forte baisse

Les nouveaux venus n'ayant pas trouvé d'emplois satisfaisants fuient le Cap de Gascogne en masse. La hausse de la natalité, et par conséquent de l'excédent naturel, issue de l'arrivée de ces ruraux ne peut compenser les départs.

 

De 1861 à 1871 : un redressement éphémère

Contrairement à la période précédente, c'est l'immigration qui prime la baisse de la natalité provenant du départ des jeunes.

De 1872 à 1945 : une longue décadence

L'inexplicable sursaut migratoire de la fin du Second Empire, s'il se maintient encore de 1872 à 1880, diminue et devient peu à peu négatif. Durant cette période, le déficit naturel est terrible et s'accentue jusqu'en 1930 puis diminue et stagne jusqu'en 1953. La baisse de la natalité est un caractère particulier des populations vieillies. La situation à cette époque est dramatique. Saint-Sever n'enregistre plus de soldes positifs de 1885 à 1935, si nous exceptons le léger redressement du bilan naturel de 1901 à 1910.


65

De 1946 à 1953 : une timide croissance

La reprise des activités  de l'après guerre favorise les petites entreprises locales et l'immigration vers Saint-Sever reprend. Le bilan naturel étant nul, la croissance de la population provient entièrement de l'excédent migratoire.

Comparaison des courbes de la population de 4 villes landaises (figure 13)

Nous avons choisi 4 villes à évolutions différentes : Aire, Hagetmau, Saint-Sever et Mugron.

De 1801 à 1840, les 4 communes connaissent de fortes augmentations, il s'agit là d'un phénomène général. De 1840 à 1860, Mugron et Saint-Sever, villes sans activités artisanales importantes, chutent tandis qu'Aire continue son développement et que Hagetmau stagne. De 1860 à 1900, la baisse est légère et générale sauf pour Hagetmau qui garde sa population constante. De 1900 à 1935, l'effondrement de la population atteint fortement les 4 villes. De 1936 à nos jours, les 4 cités connaissent chacune une évolution différente .

Aire, grâce à l'industrie aéronautique et au développement du petit centre tertiaire, voit une augmentation considérable de sa population (indice 214 en 1968). Hagetmau a aussi une croissance due à l'industrialisation et l'indice de cette cité est de 161 en 1968. Les deux dernières cités possèdent un trait commun en 1968 : leur indice est inférieur à 100 (Saint-Sever 81 et Mugron 72). Malgré la ressemblance d'évolution jusqu'en 1962, ces deux cités connaissent depuis un sort différent. Mugron qui n'a ni activité industrielle ni militaire, s'enfonce tandis que le Cap de Gascogne continue à redresser sa courbe de population.

Depuis 1926, la courbe est approximativement une parabole qui a comme point le plus bas 1946. En 1968, la ville a la même population qu'en 1927 ou 1928. Actuellement, nous pouvons évaluer la population entre 4 500 et 4 600 habitants, soit la même population qu'au début des années 1920. Saint-Sever aurait regagné la forte baisse de l'entre-deux guerres.


66

                                          CHAPITRE V

 

         RÉPARTITION PAR CATÉGORIE D'ACTIVITÉ

                        ECONOMIQUE DE 1954 à 1971

 

La situation avant 1962

- Avant 1954 :

Les chiffres font ici défaut et les études monographiques d'avant 1954 sont très imprécises et peu éloquentes.

Le secteur primaire devait représenter près de 30 %, femmes exclues. Le secteur secondaire autour de 20 % était constitué d'ouvriers de petites entreprises dépassant rarement 50 employés : graviers, bâtiment, plumes, conserves, faïences, sièges, activités aux transports, etc …Le secteur tertiaire fournissait près de la moitié de la répartition, il était dominé par le commerce et les professions libérales (médecine et justice) et aussi clergé.

- Le recensement de 1954

D'après les données de ce recensement, il y a 1 760 actifs, soit 46,1 %, dont 652 femmes soit 37,1 % des actifs. Le secteur primaire comprend 467 hommes et 225 femmes ce qui représente 39,4 %. Le reste s'élève à 613 soit 35,7 %.

L'agriculture prend une grosse place dans la répartition de Colin Clarck. L'industrie et les transports occupent une faible part.

 

L'évolution de 1962 à 1968 :

L'Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques possède pour toute la France le même découpage dans la répartition de la population active employée par catégorie d'activité économique. Pour Saint-Sever, il nous a semblé bon de faire faire un découpage plus fin et plus adapté au tertiaire pour les données extraites des listes nominatives du recensement de 1968, c'est à dire pour la répartition par catégorie d'activité économique de la population active Saint-Séverine en 1968 et pour les immigrants de 1962 à 1968. La présence importante de certaines catégories comme les militaires, le clergé et de service santé justifient notre découpage suivant :


67

Secteur primaire :         Agriculture (femmes exclues)

Secteur secondaire :     Industries, industries extractives, bâtiment

Secteur tertiaire :          Militaires

                          Clergé

                          Santé

                          Enseignement

                          Commerce et petit artisanat (bâtiment exclu)

                          Services publics restants et services domestiques

                          Bureaux

La catégorie classée "Bureaux" comporte toutes les personnes qui travaillent dans un bureau, c'est à dire banque, assurances, administration. Cette catégorie semble au premier abord curieuse, nous l'avons choisie car elle nous paraît très significative pour une ville de cette taille.

Si nous avons choisi les listes nominatives, c'est pour éviter les légères erreurs des feuilles INSEE en raison du sondage au quart.

Tableau des résultats des deux recensements

Il s'agit ici de la répartition INSEE

 

1954

%

1962

%

1968

%

Evolution 62-68

Hommes

Femmes

Total

62,90

37,12

1086

810

1816

57,3

42,3

100 %

1128

656

1764

63,1

36,9

100 %

+   42

− 194

− 112

 

Secteur primaire

Pêche

Agriculture – Forêt

 

 

0

 

 

0

764

 

 

0

39,2

 

 

0

484

 

 

0

27,1

 

 

0

− 280

 

Secteur secondaire

Industries extractrices

Industrie

Bâtiment et T.P.

 

 

 

29

249

145

 

 

1,5

13,1

77,65

 

 

28

164

160

 

 

1,5

10,3

8,95

 

 

   1

− 65

+ 15

 

Secteur tertiaire

Transport

Commerce, Banque, Assurance

Services

Services publics

Défense, Administration

 

 

 

32

272

240

165

165

 

 

1,7

14,4

12,6

8,7

8,7

 

 

52

364

248

264

264

 

 

2,9

20,4

14

14,8

14,8

 

 

+   20

+ 108

+     8

+   99

+   99

Secteur primaire

Secteur secondaire

Secteur tertiaire

Secteur secondaire + Transport

Secteur tertiaire − Transport

39,4

 

 

24,9

35,7

764

423

709

 

39,2

22,4

38,4

24,1

36,7

484

372

928

27,1

20,8

52,1

23,7

49,2

− 280

   51

+ 219

                                                      

 

                                                                                                                                         68

 

De 1954 à 1962, les secteurs primaires et secondaires baissent légèrement et le secteur tertiaire gagne 10 %. Ce fait prouve la stagnation et la fixité des activités économiques Saint-Séverines durant cette période. L'agriculture représente encore l'activité dominante à Saint-Sever.

L'évolution entre le recensement de 1962 et celui de 1968

- Le secteur primaire :

La concentration agricole qui avait peu touché Saint-Sever jusqu'alors se développe et les jeunes ruraux de la génération d'après 1945 fuient la terre pour les autres secteurs d'activités. La baisse porte sur 280 personnes, ce qui fait passer le pourcentage du secteur primaire de 39,2 à 27,1 %.

- Le secteur secondaire :

                La baisse de certaines activités comme le bois n'est pas compensée par l'augmentation dans le bâtiment et les travaux publics. Le pourcentage du secteur secondaire baisse de 1,6 %.

- Le secteur tertiaire :

C'est le grand gagnant de cette période. Il augmente de 12,5 % à cause de l'arrivée des militaires, de l'augmentation des services publics des transports, des banques et des assurances.

- La répartition par catégorie d'activité économique des immigrants de 1962 à 1968

Ici, nous prenons la répartition définie plus haut. Il est arrivé 353 personnes actives sur 1 101 immigrants, soit 32 %. Ce chiffre est inférieur au taux d'actifs dans la population Saint-Séverine.

Les immigrants actifs se répartissent irrégulièrement comme le montre le tableau ci-dessous :

Secteur primaire :            16     soit     4,5    % des actifs

Industries                     33                 9,35

Bâtiment et T.P.          20                 5,65

Secteur secondaire           53              15

Militaires                    126              35,7

Clergé                             10                 2,8

Santé                              17                 4,8

Enseignement              22                 6,2

Commerce                     32                 9,1

Services                         46              13

Transport                        6                 1,7

Bureaux                         24                 6,6

Secteur tertiaire            284              80,5

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Il faut noter la faiblesse des immigrants dans le secteur primaire. Il s'agit ici soit de quelques familles qui ont permuté les exploitations soit de l'arrivée par le mariage de jeunes ruraux chalossais.

Dans le secteur secondaire, les immigrants, sauf dans l'industrie alimentaire, arrivent sur des places vacantes et non sur des créations d'emploi.

Dans le tertiaire, il faut analyser en détail les secteurs en raison des mutations des fonctionnaires. Le fort pourcentage des militaires correspond à des gains de population. La récente installation des aviateurs (1966-1967) n'a pas encore permis l'immigration de couples en remplacement des mutés.

                      Dans le clergé, l'enseignement, la mobilité de ces catégories nous empêche de tirer des conclusions. L'agrandissement de la clinique Fournier et de l'hôpital expliquent l'augmentation du service santé. Dans le commerce? les immigrants viennent de permutations de gérants ou de l'arrivée par mariage d'éléments étrangers à la commune. La croissance des catégories "services et transports" correspond en majorité à des créations d'emplois. Cette étude n'est pas sûre mais nous pouvons quand même tirer quelques conclusions. LES catégories d'activités économiques qui ont augmenté sont l'industrie alimentaire, la défense nationale, la santé, les services, les transports et les bureaux.

Le recensement de 1968 (figure n° 15)

D'après le dépouillement des listes nominatives de 1968, nous arrivons à 1 565 actifs (femmes du secteur primaire exclus). La différence avec les résultats du sondage au quart de l'INSEE est de 11 actifs soit 0,7 %.

Il y a donc 1 565 actifs qui représentent 35,9 % de la population et 2 795 inactifs, sot 64,1 %. Dans les inactifs, nous comptons 212 étudiants. Il y a 1 112 actifs hommes (71,2 %) 453 femmes (28,8 %).

La pyramide des âges avec les actifs (figure n° 10) montre le déséquilibre entre les deux sexes. Malgré le creux dans la tranche d'âge 21-24 ans dû à la guerre, la majorité des jeunes femmes travaillent de 18 à 27 ans. Ensuite le repli causé par l'arrivée au foyer d'enfants est marqué. Les femmes sont migratoires dans le clergé, dans les services et les bureaux.

 

 

 

 

 

 

 

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Tableaux de la répartition par catégorie d'activité économique des actifs :

Secteur primaire :         303     soit   19,3  % (Hommes seulement)

Secteur secondaire        359              23

Militaires                    137                 8,8

Clergé                             34                 2,2

Santé                              27                 1,7

Enseignement              52                 3,3

Commerce et petit    241              15,4

artisanat

Services                       224              14,3

Transport                      57                 3,6

Bureaux                      124                 8

Secteur tertiaire            903              57,6   

Le secteur primaire ne comprend que des agriculteurs ; cette activité est en déclin à Saint-Sever.

Le secteur secondaire possède peu d'industries extractives : il s'agit des 4 gravières de l'Adour. L'industrie est dominée par l'industrie alimentaire humaine (conserves, abattoirs) et animale. Dans le bâtiment, ce sont les petits entrepreneurs et la SOFRACO qui constituent cette catégorie.

Le secteur tertiaire est dominé par le commerce et les services publics et privés. En 1968, Saint-Sever est un centre commercial et de services pour la Chalosse avec une agriculture communale et une industrie jouant un rôle secondaire.

- La place des aborigènes dans les activités économiques

Ils représentent 43,5 % des habitants et 40 % des actifs.

Cette différence s'explique par le grand nombre de personnes âgées nées à Saint-Sever. Ils sont majoritaires dans des actifs de la catégorie, le commerce 57,6 % et les bureaux 50 %. Dans les catégories administratives soumises à des contrôles régionaux ou nationaux, ils sont minoritaires ou parfois inexistants : défense nationale (1,4 %), clergé (0 %), enseignement (30,8 %).

 

 

 

 

 

 

 

 

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Evolution du 1er mars 1969 au 28 février 1971 (figure n° 15)

D'après les rectifications des listes électorales, nous avons pu dresser le tableau suivant :

                                            Immigrants   Emigrants     Excédent          %

Secteur primaire :                   2                        3                   - 1                

Secteur secondaire               25                     18                +   7              5,1

Armée                                 42                     19                + 23            16,8

Clergé                                    9                        6                +   3              2,2

Commerce-Artisanat       12                        7                +   5              3,7

Bureaux                             12                        5                +   7              5,1

Santé                                     3                        1                +   2              1,4

Services                              17                        3                + 14            10,2

Transport                             1                        1                      0                

Enseignement                   11                        4                +   7              5,7            

Secteur tertiaire                 107                     46                + 61            44,5

Sans profession              118                     48                + 70            51,2

 

La baisse du secteur primaire confirme l'évolution commencée à partir de 1962. La légère augmentation du secteur secondaire est la conséquence des créations d'emplois des années 1969-1970 (Pyrénex, Soléma). Le secteur tertiaire représente près de 90 % de l'excédent migratoire des actifs. Dans ce secteur, chaque catégorie évolue pour des causes différentes. Le fort excédent des militaires provient de l'oubli des aviateurs mutés à se faire rayer des listes électorales immédiatement après leur départ. L'augmentation du clergé et des membres de l'enseignement provient de l'agrandissement de l'école SteThérèse. Si les bureaux et les services connaissent une bonne croissance, le commerce, le service santé, les transports stagnent. Le fait remarquable de cette période est la très forte immigration des gens sans profession, généralement de jeunes retraités qui représentent 51,2 % de l'excédent migratoire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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CONCLUSION

 

Saint-Sever connaît une renaissance démographique depuis la fin de la guerre, mais surtout depuis 1965-1966. Le taux de croissance a été de 63 personnes par an soit 1,57 % par an de 1962 à 1968. De 1965 à 1968, il a été supérieur à cette moyenne annuelle. D'après l'étude du solde migratoire et du mouvement naturel de 1969 à 1971, le rythme de croissance semble avoir légèrement faibli mais il doit se situer entre 40 et 50 personnes par an. A ce taux-là, Saint-Sever devrait atteindre

5 000 habitants d'ici 1980. Cette croissance viendra pour les années à venir essentiellement du solde migratoire malgré l'augmentation probable du bilan naturel à cause de l'arrivée en âge de fécondité des habitants nés de l'explosion démographique d'après la guerre et de la diminution de la mortalité à plus long terme. Pour cela, il faut des immigrants jeunes et non des "retraités stériles". Le développement des activités industrielles en particulier dans les branches basées sur l'agriculture, la consolidation du petit centre de service de la Chalosse et l'intensification de l'effort touristique sont nécessaires afin que Saint-Sever, ville longtemps figée dans son passé, aborde après le renouveau démographique des années 1050 et économique des années 1960, l'expansion et la prospérité.

Une étude détaillée des quatre grandes activités économiques (commerce, service, industries, tourisme) peut nous renseigner sur les possibilités d'extension des emplois et sur l'influence de la ville.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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TROISIÈME PARTIE

 

 

LES ACTIVITÉS DE SAINT-SEVER
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CHAPITRE 1

LE LENT DÉCLIN DU MARCHÉ

 

C'est la plus vieille activité à Saint-Sever. Elle remonte à la fondation de la cité. Il est inutile de décrire à nouveau les produits en vente au Moyen Age sur le marché de La Loubère. A cette époque, les foires et les marchés possédaient un renom dans tous les pays du sud du département et dans la Lande. A la fin du Moyen Age et durant les temps modernes, Saint-Sever a conservé une zone d'influence traditionnelle en Chalosse et dans le Marsan. Il s'agit des communes du canton plus quelques habitants de Haut-Mauco, Lamothe, Le Leuy, Vielle Tursan et Toulouzette. Le samedi et pour les foires de la Pentecôte et de la Saint Martin, durant tout le XIXème siècle et le début du 20ème, Saint Sever a connu une activité fébrile. Le jour du marché, tous les paysans du canton venaient au Cap de Gascogne à pied ou avec des attelages pour transporter les produits de l'agriculture et de l'élevage. Le départ pour les plus éloignés avait lieu de très bonne heure, souvent avant l'aube. Les paysans portaient des pantalons foncés à toutes petites raies blanches, ceinturés par une écharpe de flanelle noire. La veste était assortie ou de toile noire. Le béret et les sabots complétaient le tout. Les femmes sobrement vêtues accompagnaient généralement le mari. Dés l'arrivée à Saint Sever, les animaux étaient laissés chez des logeurs de bestiaux ou de chevaux jusqu'au soir.

Les charrettes étaient stationnées sur des places comme la Place de la République ou Morlanne. Le matin, les hommes se rendaient au marché aux bestiaux de Morlanne et les femmes au marché des légumes et des fruits. Le midi, le couple se retrouvait chez un aubergiste où il mangeait en attendant la suite du marché. Dans l'après midi, le marché aux grains (Jacobin) et à la volaille occupaient respectivement les hommes et les femmes. Dès que le paysan avait vendu sa marchandise, il possédait une somme d'argent liquide qui lui permettait d'acheter chez les commerçants de la ville et aux étals des forains. Il se procurait ainsi les produits que la vie autarcique de la campagne ne lui fournissait pas. La paysanne partait le soir l'attelage ou le char rempli d'objets divers : tissus, drap, mercerie, couteaux et ustensiles de cuisine, sabots, appareillage pour attacher les animaux, faïences, épices, etc … L'homme, après être passé chez plusieurs aubergistes et cabaretiers, rentrait plus ou moins tard à la ferme.

Les produits agricoles qui ont disparu des marchés

- Le vin, dont la production a énormément diminué après la crise phylloxérique de 1888, disparut peu à peu des marchés. La motorisation et l'organisation des marchands ont tué les petits transports de vin des paysans vers le marché.

-       Le marché des grains se situait à l'intérieur de l'ensemble des jacobins. Le cloître fut appelé "Halle aux grains" et ce nom subsiste encore de nos jours. Les causes de la disparition de ce marché sont les mêmes que pour le marché aux vins. Il semble que le commerce des grains aux Jacobins ait disparu après la seconde guerre mondiale.
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- Les porcins et les bestiaux étaient vendus à Morlanne où il existait une bascule de poids public. Le marché avait lieu sur la place, à l'ombre des platanes et des tilleuls. Les bêtes, alors domestiquées, étaient attachées à la barrière du jardin public. Là, les affaires se faisaient d'homme à homme. Le courtier en bestiaux (maquignon) et le paysan allaient finir l'affaire chez un cabaretier. Peu à peu, le bétail a disparu des marchés, puis des foires, surtout après 1945. De nos jours, la vente à la ferme a remplacé ces méthodes archaïques. Les hommes en noir avec le bâton sont devenus des personnages d'album de photographies.

Les produits dont la vente est en déclin

- Le petit marché des légumes et des fruits :

Il se tient le samedi matin de 8 H 30 à 10 H sous les halles de la volaille (Place du Tribunal). Les paysannes viennent avec de petites charrettes ou des paniers pour vendre le fruit de leurs jardins potagers. Actuellement, ce marché subit des variantes suivant les saisons et le nombre de vendeuses ne dépasse jamais la trentaine.

Parallèlement à ces ventes au détail, des marchands de fruits professionnels ou des arboriculteurs du Lot et Garonne, des horticulteurs et des marchands de graines, s'installent sous les halles et sur la Place du Tribunal. Durant le printemps et l'été, sous les platanes de la Place de la République, se tient le marché des jeunes plants de choux.

- Le marché aux volailles du samedi après midi : photographie 12, planche V.

Ce marché aux volailles est la principale activité des samedis sans vente de gras. Autrefois, le nombre de volailles (poulets, pintades, chapons, poules, coqs, canards, pigeons) et de lapins était très important. En 1917, l'enquête sur le développement économique de la 13ème  région militaire signale 3 000 volailles et 10 000 œufs vendus le samedi à Saint-Sever. Cette activité maintient son importance jusqu'en 1963. L'agrandissement des halles pour les volailles en 1956-1957 fut à l'époque justifié. L'installation de l'abattoir de volailles et l'organisation des achats par le Syndicat de Défense du Poulet Jaune ont fait chuter l'apport sur les marchés. Le gros éleveur n'a plus à se déplacer pour vendre : l'acheteur lui envoie un camion aménagé. Le petit éleveur porte directement sa marchandise à l'usine. De nos jours, le nombre de têtes sur le marché varie selon les saisons de 150 à 400 par samedi. Les apports proviennent de petits éleveurs. L'avenir de cette activité s'avère sombre …

 

 

 

 

 

 

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Les produits qui résistent encore :

- Les dindes de Noël :

La consommation des dindes de Noël a entraîné une forte demande dans la seconde quinzaine de décembre. Les paysans ont saisi l'occasion et ils élèvent des dindes pour cette période. Le marché de Saint-Sever est réputé pour sa qualité et sa production. Les deux derniers samedis de Noël ne suffisent pas et la ville crée deux marchés supplémentaires, le jeudi. Le samedi 19 décembre 1970, nous avons compté près de 3 000 têtes. Ce marché, pour le moment, est le seul en expansion mais il est appelé aussi à péricliter en raison de l'organisation des grosses entreprises commerciales.

- Le marché des oisons et canetons :

Il a lieu au printemps. C'est à cette époque que les éleveurs -agriculteurs se procurent avec grand soin les races d'oisons, de canetons pour l'engraissement de la fin de l'année. Ce marché qui dure environ pendant un mois a lieu le samedi matin.

- Le gras :

Le marché au gras débute fin octobre et s'achève début février. Il a lieu le samedi matin. Les premiers marchés se font sous la halle à la volaille puis, quand la quantité augmente, le marché a lieu dans le cloître des Jacobins aménagé l'hiver à cet effet. Il est curieux de voir les richesses architecturales et gastronomiques cohabiter dans cet ancien monastère construit en brique rose.

Les agriculteurs arrivent à partir de 5 H 30 pour prendre place, puis passent au poids public tenu par les services techniques de la ville. Avant 8 H 30, les particuliers peuvent se procurer les oies avant l'ouverture de la vente aux commerçants. Les marchands, pendant ce temps, font le tour pour repérer les lots intéressants. Les agents de ville et les gendarmes surveillent les opérations. A 8 H 30, le brigadier de police de la ville agite une petite cloche pour ouvrir la vente du gras. Un court silence précède la ruée des marchands qui bousculent tout le monde. Les ventes sont discrètes, l'acheteur écrit son prix sur un petit carnet et le montre à l'éleveur qui acquiesce ou refuse d'un signe de tête. Si l'affaire est conclue, le marchand marque les oies avec un stylo feutre. Le paysan porte le banc qui supporte sa marchandise à l'extérieur, à l'emplacement du camion de l'acheteur. Dans le cas où le prix ne convient pas au vendeur, le marchand critique, tâte les reins des bêtes pour apprécier la taille des foies, part, puis revient avec un nouveau prix, gaspille du papier, s'adresse au mari ou aux parents qui sont venus aider. Les deux intéressés marchandent et arrivent généralement à un compromis.

A 9 H 30, après une courte pause débute le marché des foies. Le processus d'achat est le même que précédemment mais l'acheteur, dès l'accord du paysan, emporte un foie comme gage de vente.


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Les quantités vendues

Nous n'avons pas voulu nous renseigner auprès de l'entreprise de plaçage qui a obtenu l'adjudication afin de ne pas exploiter les chiffres faussés que nous aurions obtenus. Pour pallier cette carence, nous avons essayé d'évaluer le nombre de transactions par an. Nous avons compté les oies, les canards et les foies dans 3 marchés choisis à l'avance : un petit le 26 décembre 1970, un ordinaire le 5 décembre 1970 et un grand le 19 décembre 1970. Nous faisons la moyenne des trois marchés et nous multiplions par le nombre de samedi de la saison :

                                                                     Oies et canards                     Foies

Petit marché (26.12.1970)                              1 200                                 937

Marché ordinaire (5.12.1970)                        2 200                              1 610

Grand marché (19.12.1970)                           2 300                              2 100

Marché moyen                                                  2 200                              1 550

Il y a environ 16 marchés par an, soit :

Oies et canards :                        2 200 x 16 = 35 000 par an

Foies d'oies et de canards :      1 550 x 16 = 25 000 par an

Il passe ainsi environ 60 000 foies d'oies et de canards par an sur le marché de St Sever.

Les paysans viennent de toute la Chalosse, du Tursan, du Bas-Armagnac et du Marsan. Les vendeurs peuvent choisir difficilement les marchés de vente car souvent il faut tuer les oies pour éviter qu'elles s'étouffent. Mais au début du gavage, l'éleveur décide du premier jour de gavage en fonction de la ville où il voudrait vendre. Les marchés les plus importants des pays aturiens ont lieu à des jours différents de la semaine : le lundi c'est Tartas, le mardi Aire, le mercredi Hagetmau, le jeudi Mugron et le samedi St Sever et Dax.

Saint-Sever possède à court terme l'énorme avantage d'avoir la SICA "Le foie gras des Landes" qui, ces dernières années achète les marchandises invendues sur le marché. L'organisation des approvisionnements et le statut de la SICA risquent de nuire à longue échéance aux marchés de la région.

Les acheteurs viennent de toute la région, surtout depuis l'aménagement des horaires d'ouverture entre les villes de Dax et St Sever. Le 5 décembre 1970, nous avons pu relever les numéros minéralogiques des véhicules des marchands de gras. Il y avait 2 véhicules de la Haute Garonne, 1 du Lot et Garonne, 1 du Tarn, 3 des Hautes Pyrénées, 4 des Pyrénées Atlantiques et 12 des Landes.

Le marché de gras se maintient pour le moment très bien malgré les attaques répétées de la SICA "Foies gras". Ce marché est pour le moment le mieux armé pour résister.

 

 

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La disparition des foires et le déclin de l'activité des marchands forains

- La disparition des foires :

Saint-Sever connaissait au Moyen Age de très grandes foires, à la Pentecôte et à l'automne. Elles duraient une dizaine de jours, du jeudi après la Pentecôte jusqu'au dimanche de la semaine suivante. La tradition subsiste et les dix jours furent réduits à deux samedis à Pentecôte et deux à la Saint-martin. Durant le XXème siècle, les foires se distinguaient par un plus grand nombre de forains, de bestiaux et de volailles. Peu à peu, la différence avec les samedis ordinaires devint très faible et il y a huit à dix ans environ, les dernières foires disparurent dans l'oubli général. Il en est de même de la différence entre le petit et le grand marché, contrairement à Hagetmau.

- Le déclin des marchands forains :

La grande révolution pour les forains fut le camion magasin qui fit disparaître les étalages couverts par des toiles soutenues par des piquets de bois plantés dans le sol. Ce nouveau système prend plus de place mais permet une plus grande densité de marchandises et une protection plus efficace contre les intempéries. Les étalages bâchés qui subsistent appartiennent en général à des petits forains ou à des arboriculteurs. Actuellement, le marché des forains se situe sur 3 places (Tour du Sol, Tribunal et Verdun) reliées par deux rues (Tribunal et Arceaux) (plan n° 16). Les produits vendus sont divers. Le nombre de marchands varie suivant la saison mais l'apogée se situe au mois de décembre pendant les grands marchés au gras et aux dindes.

Le 19 décembre 1970, nous avons compté 40 étalages de forains : 2 marchands de chaussures, 20 marchands de confection de plus ou moins grande taille, 2 grainetiers, 2 pâtissiers, 3 quincailliers, 3 confiseurs, 1 bazar, 1 marchand de laine, 2 de literie, 1 fleuriste, 1 marchand de tissus, 1 d'articles en plastic et 1 chapelier. Durant le reste de l'année, les forains sont moins nombreux, 30 environ. Ils viennent de toute la région : Hagetmau, Mont de Marsan, Geaune, Samadet, Aire, Tartas, Souprosse, Grenade, …

En définitive, après la disparition des produits des champs (grains, vin), du gros élevage (porcins, bovins et ovins), le marché aux légumes et aux volailles seules activités des samedis hors la saison du gras périclitent, seuls les marchés au gras et aux dindes se maintiennent ou croissent.

Le déclin général du marché se ressent sur les ventes des forains qui peu à peu diminuent. Le changement de vie à la campagne, la motorisation des moyens de locomotion éloignent les jeunes ruraux du marché. Les agriculteurs ont tendance à s'approvisionner en ville en semaine, en particulier vers la fin (jeudi-vendredi)

Suite dans le 3ème article

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