mercredi 8 octobre 2008

S : Saint Sever vue par des hommes célèbres

Vue par Claude Lévi-Strauss le 19 décembre 1932

Le grand anthropologue et ethnologue Claude Lévi-Strauss fut deux années scolaires professeur agrégé de philosophie au grand lycée Victor Duruy.

 https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_L%C3%A9vi-Strauss

Un dimanche après midi de décembre 1932, il part avec sa jeune épouse en vélo sur la nationale 133 et découvre la sous préfecture déchue depuis 6 ans, c'est pour lui un émerveillement qu'il narre dans un courrier adressé à ses parents :



« Hier, il faisait chaud – ciel et soleil radieux, temps d’été (et aujourd’hui, on grelotte ! Drôle de pays !) – aussi sommes-nous sortis l’après-midi pour faire un tour au hasard sur la route de Saint-Sever, qui est magnifique, et au bout d’une heure, nous n’avons pas eu le courage de rentrer tant il faisait bon !



Je me suis donc renseigné dans une ferme, au passage, sur les heures de trains de Saint-Sever à Mont-de-Marsan : il y en avait un à cinq heures. C’était parfait ! Nous sommes donc arrivés à l’Adour, majestueux dans les pins. Saint-Sever se dresse sur une haute colline, de l’autre côté.



A peine atteinte la ville, ça a été la stupéfaction : nous l’avons prise par hasard pour but de promenade, et nous trouvons une magnifique petite ville ancienne, comme abandonnée (c’était dimanche), luxueuse et imposante, qui rappelle Fontarabie. Il y a notamment une place irrégulière, pavée de petits galets pointus, où se dresse une splendide église romane (dont un clocheton est encore en bois sculpté), encadrée de maisons Louis XV, à grandes arcades, avec des balcons de fer forgé plus beaux qu’aucun de ceux que j’aie jamais vus. Et partout ce ne sont qu’étranges petites places biscornues, plantées de platanes boursoufflés par des tailles incessantes (sans quoi ils seraient trop grands pour la largeur entre les maisons), avec des hôtels anciens, Louis XV ou Directoire, qui font penser au Faubourg Saint-Germain par leurs grilles à initiales armoriées. Les marteaux de fer forgé des portes sont autant de pièces de musée ; nous avons vu la halle aux grains qui ressemble à un cloître de briques, et un très beau calvaire de fer forgé et doré, où tous les instruments de la Passion, la lune et le soleil, sont suspendus à la croix comme à un mât de cocagne, surmonté d’un coq hérissé de plumes de métal extrêmement Picasso.



Nous avons parcouru trop rapidement toutes ces merveilles, car l’heure nous pressait, mais nous avons tout de même eu le temps d’aller voir, en haut de la colline, un énorme panorama sur l’Adour et les Landes, très beau au soleil couchant, avec les couleurs d’automne, mais combien plat, hélas !



La descente de la colline se fait par une route splendide et large, mais redoutable avec sa pente et ses virages relevés. Un vrai vélodrome de deux kilomètres. Dina n’était guère rassurée ! Mais nous sommes arrivés en bas sans encombre et rentrés à cinq heures vingt.



A la première occasion, nous retournerons là-bas passer la journée. Il y a pour des heures à s’occuper : tout, dans cette ville, est d’un autre âge, même les extraordinaires lampes Pigeon géantes de ses quincaillers ; je m’étonne que Saint-Sever ne soit pas plus connu. »


Dans Claude LEVI-STRAUSS, Chers tous deux, « Librairie du XXème siècle », Seuil, 2015           Recueil de lettres familières écrites à ses parents. 
Lettre datée de décembre 1932 adressée par celui qui était alors jeune professeur de philo au lycée de Mont-de-Marsan (septembre 1932 à juin 1933)

VUE PAR ISIDORE SALLES, le grand poète gascon


Sen Sébé

D’aygue caute, à bire-brouquet
Le bile de Dax qu’es mayrie ;
Moun de Marsan qu’a lou Préfet
Ayre qu’a Sente Quitterie !
Pausat com un cap sus le ma
Entre le Chalosse et le Lane,
Sen Sebé qu’a, per nous charma,
Le proumenade de Morlanne.

De qui pertout oun  bal ou oelh
Ba lou paradis de berdure
Floc ariden tabléu bermelh
A qui l’Adou serb de bourdure
Douce terre cèus encantats
Brabe yen, aunou de le plane
En dignes bèrs que-p’ a cantats
L’amic de Prous et de Morlanne (1)

De ment maynadye aqui badut,
L’istori que goeyte le marque ;
L’un en le glori qu’es sedut :
Soun noum : Maximien Lamarque.
Un yourn que cau prène à l’assaut
Le citadelle Gaëtane
E Lamarque qu’arribe en haut
Tout com si puyabe à Morlanne.

Com et, lous hils dou Cap Gascoun
Qu’an tustems lous gous de l’espade :
Lous Durrieu, nebout com encoun,
Bé l’an tincude bien trempade !
E brabe chens esta sourdat,
Lafaurie en terre allemane,
Au gran chef Davoust qu’a proubat
So que bau le yen de Morlanne !

N’oublidim pas un gran saben
Que tout gran saben ounourabe :
D’iber, d’estiu, lou cap au ben,
Léon Dufour que s’aperabe
Que disè lou noum, le coulou
De toute flou, de toute brane
Mes nade n’abé le sabou
De les arroses de Morlanne !

Morlanne, aquet loc tan plasen,
Qu’es trop desert : l’ore qui soune,
Au sou bachat, au sou lusen,
N’y rencountre yamès persoune.
Tau Yan, l’espous trop bien doutat,
Soule, au lheyt dache daune Janne,
Atau qu’en es de le beutat
De Daune Janne de Morlanne !

Sen Sebé, de soun bielh patroun,
Ab respect goayte le relique
E, s’escouti bien so que broun
N’ayme pas fort le Republique !
Sourigues ne s’y hide pas
E quen le praube Marianne
Passera de bite à trepas,
Bèt hoec d’artifice à Morlanne !

Sen Sebé, de soun bieilh patroun,
Ab respect goayte le relique
E, s’escouti bien so que broun
N’ayme pas fort le Republique !
Sourigues ne s’y hide pas
E quen le praube Marianne
Passera de bite à trepas
Bèt hoec d’artifice à Morlanne !

Bertrand Isidore Salles
Auteur également de le Maysoun Blanque voir autre article dans ce blog



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