S : Saint-Sever, une épopée
gasconne 407 – 1789 ou les acteurs de la puissance de Saint-Sever entre 407 – 14
juillet 1789
![]() |
LE PLAN DE L'ETUDE |
Pour ne pas allonger, je tiens à préciser que je ne citerai
pas toutes les sources souvent de provenances multiples pour un même évènement.
Cependant, je ne dois pas oublier 2 précieux ouvrages en ce qui concerne la
puissance de l’abbaye :
- Chartes
et documents hagiographiques de l’abbaye de Saint Sever 2 tomes de Georges Pon
et Jean Cabanot CEHAG 2010
- L’ouvrage
édité après le colloque du millénaire de l’abbaye fêté en 1985.
En ce qui concerne les photos, quelque unes proviennent du
web, mais pour la majorité, j’en suis l’auteur ou le propriétaire suite au legs
de feu le docteur Pierre Ceccaldi.
AVANT 56 AVANT JESUS CHRIST
On doit distinguer deux périodes :
Antérieurement à 56 avant J.C.
La
préhistoire :
Pas
de grottes autour du site de Morlanne, les plus proches habitées se situent à
Montaut à 6 km. Elles furent détruites pendant la guerre de 14 18 pour
alimenter le front en calcaire.
On
peut penser à une occupation préhistorique de cette partie nord de la Chalosse,
Brassempouy n’est qu’à 19 km en ligne droite.
La
protohistoire :
L’oppidum
barré de Morlanne fut isolé du reste du plateau avant l’arrivée des romains. Ce
site a toujours abrité une communauté et il est toujours habité.
L’arrivée
des romains
Les
Aquitains sont battus par Crassus en 56 avant JC lors d’une bataille que
l’historien Jean Pierre Brethes situe dans la grande vallée de l’Adour entre
Cazères sur Adour et Pontonx.
L’intaille
en cornaline (variété translucide d’agate) découverte en 1966, datée du 1er
siècle avant JC atteste de l’ancienneté de la présence humaine sur l’oppidum
barré.
La
petite communauté va peu à peu se romaniser.
On
peut affirmer qu’au 4ème siècle, il existe une vie très riche autour
de l’oppidum de Morlanne : villae du Gleyzia d’Augreilh, de Montgaillard,
de Bahus Juzanx, de Serresgaston, de Gouts etc.
Le
célèbre bénédictin du 17e don du Buisson dans son histoire de
l’abbaye fait état du Palestrion, palais du gouverneur romain Adrien, qui
aurait été converti par Severus (futur Saint Sever) à la fin du 4e.
Ce gouverneur quel territoire dirige-t-il dans son Palestrion ? C’est
difficile de répondre à cette question en sachant que les villes romaines
existent à Aire et à Dax.
B 407 – 13 septembre
988 : Le Palestrion devint une des résidences du comte de Gascogne
Cette
période de près de 580 ans est très peu connue. Elle est souvent décrite par
des légendes religieuses autour du tombeau de Severus le « céphalophore »,
décapité vers 407 par les Vandales ?
Lieu du martyr de Severus futur Saint Sever situé au bas de la côte de Brille |
Si
les textes et les études historiques manquent, néanmoins on peut subodorer que
le « Palestrion » est un puissant centre de décision durant les
périodes wisigothique, mérovingienne, carolingienne et du haut moyen âge.
La
preuve de l’importance de ce palais est archéologique ; les chapiteaux
classés MH exposés au musée d’art et d’histoire du Cap de Gascogne en
témoignent ainsi que les 5 belles colonnes en marbre et les 3 chapiteaux
corinthiens de l’abbatiale. Plusieurs chapiteaux du musée furent découverts en
mai 1894 lors de travaux de voirie sous les arènes actuelles.
Les
constructeurs du Palestrion ont-ils utilisés des chapiteaux provenant de la
villa d’Augreilh ?
Par
contre ce qui est sûr c’est que les constructeurs et les restaurateurs de
l’abbatiale se sont servis sur les 2 sites.
Ce
Palestrion a dû connaître plusieurs péripéties en raison de l’histoire
régionale :
507
Défaite des wisigoths à Vouillé 86 qui fuient en Espagne
592
Rattachement du Mont des Lannes au royaume franc ?
Vers
668 certains auteurs évoquent la présence de moines sur l’oppidum de Morlanne
sur le tombeau de Saint Sever.
716
Les arabes franchissent les Pyrénées.
732
Célèbre bataille de Poitiers.
Néanmoins,
cette résidence a toujours un rayonnement sur la région Chalosse – Tursan - Vallée
de l’Adour. Quand devint-elle une des résidences du comte de Gascogne ?
L’appellation Caput Vasconiae Cap de Gascogne provient elle du site géographique
dominant la vallée de l’Adour et le début de la plaine des Landes et/ou d’une
ou de la résidence du comte de Gascogne ?
![]() |
Le cercle figure l'emplacement de Taller |
Vers
986, Guillaume Sanche,10ème comte de Gascogne bat des envahisseurs
(Sarrazins ou normands) dans la plaine des Landes vers Taller. La légende
religieuse veut qu’il ait vu pendant la bataille Saint Sever lui montrant le
chemin de la victoire. Il promit alors de faire construire ou reconstruire un
monastère à la gloire de Séverus.
Dans
le chapitre suivant, j’utiliserai beaucoup moins d’interrogations et beaucoup
moins le conditionnel.
C 14 septembre 988 – 24
octobre 1154 La grande puissance due à l’abbaye
Précision
préliminaire sur cette période :
J’arrête
volontairement cette période la veille du couronnement d’Henri Plantagenet roi
d’Angleterre. A cette date, la puissance de l’abbaye même si elle n’a plus le
lustre du XIè est toujours très importante. J’ai fait ce choix pour favoriser
l’époque du roi -duc d’Aquitaine. Je veux donc insister sur les pouvoirs
politique et militaire qu’il exerce par son sénéchal sur la zone d’influence de
la sénéchaussée.
La
date de la fondation de l’abbaye a souvent fluctué : 963, 988 et 993.
Depuis
les travaux de recherches effectués à la fin du XXème siècle en particulier
pour fêter le millénaire, la date du 14 septembre 988 a été arrêtée.
Sanche-Bergamion
et Ânier-Eloi ont vendu au comte Guilhem Sanche et à son épouse Urraca, fille
du roi de Navarre, le lieu de Saint Sever pour 300 sous d’argent et 45 vaches. Ce
terrain est situé sur le premier emplacement plat au sud de l’oppidum. Une
aussi grande abbaye ne pouvait s’installer sur l’oppidum barré de Morlanne qui
n’a que 3.50 hectares de surface plate déjà occupé par le Palestrion et par une
petite agglomération.
Peu
de temps après Sanche et Urraca donnent à Saint Sever et aux moines :
![]() |
Entre Gabas en haut et Adour en bas - plan A.D. 1742 |
Le
territoire entre Adour et Gabas d’Eyres à Toulouzette
![]() |
Eglise de Lannes - 47 |
L’église
et la villa de St Jean de Villeneuve à Lannes 47
Les
églises de Bostens 40 et de St Martin de l’Île, lieu non déterminée
La
villa et l’église de Brocas actuellement les Forges 40
La
villa d’Aubos sûrement située à St Sever
Détail entre Gabas et Midouze |
Les ventes ou les rétrocessions d’églises et
de biens immobiliers se succèdent pendant tout le Moyen Age.
![]() |
Soulac 33 |
Les
médiévistes régionaux connaissent le long feuilleton qui dure pendant près de 2
siècles pour déterminer l’abbaye propriétaire de l’église de Soulac à
l’embouchure de la Gironde qui est définitivement rattachée à l’abbaye
Sainte Croix de Bordeaux le 1er avril 1182 (ce n’est pas un poisson
d’avril malgré la proximité de l’océan).
L’évolution
positive et négative des biens temporels de la grande abbaye de Saint Sever au
moyen âge pourrait faire l’objet d’un master.
A
partir des 2 ouvrages Cabanot-Pon, je me suis amusé à compter seulement les
biens immobiliers et humains entrés dans le domaine de l’abbaye. Ces propriétés
ou droits ont une durée variable. Rares sont les biens comme les églises de
Lacrabe et de Morganx qui figurent depuis la première donation, fin du 10ème
jusqu’en 1789
Nombre
d’acquisitions figurant sur les ouvrages de Messieurs Pon et Cabanot
Eglises :
Landes
38 ;
Lot
et Garonne 6 ;
Gers
3 ;
![]() |
Brechan jadis Bedessan commune de Mauléon d'Armagnac |
Gironde
2 ;
Navarre
1 (Iroz)
Lieux indéterminés 2
Villas :
Landes 8 ; Gironde 1 ; Lot et
Garonne 1 ; lieux indéterminés 4
Domaines
et dépendances d’églises :
Landes 6 ; Lot et Garonne 1 ; lieux
indéterminés 3 ;
Autres
propriétés ou droits :
Landes
6
Ce
texte ayant été présenté la première fois à Saint Perdon, il me plaît signaler
le document figurant à la page 199 du tome 1 des Chartes provenant de l’acte N°
28 :
« Garsie
de St Pardoux a donné le quart de la dîmerie de l’église de Saint Orens de
Fossadils parce qu’il y a été enterré.
Jean
Cabanot précise dans sa note 403 :
« Le
vocable de St Orens est encore porté aujourd’hui par une petite église toute
proche de la rive gauche de la Midouze. Ce petit édifice qui conserve des
élèments assez archaïques – en particulier un chevet occidental en hémicycle
prolongeant une nef unique complétée par la suite par un nouveau chevet
oriental rectangulaire - est rattaché à Saint Perdon. Le vocable est parfois
transformé en St Pardon, St Pardoine, Saint Perdoine pourrait prolonger un
ancien Sanctum Pardulfum ».
La
puissance de l’abbaye atteint son apogée sous l’abbatiat du grand Grégoire de
Montaner 1028 au 11 janvier 1072 date de son décès. Il fait reconstruire
l’abbatiale après l’incendie intervenu vers 1060. Cet abbé mitré fut également évêque
de Lescar.
Sous
son abbatiat, on retient pour prouver la puissance de l’abbaye :
- En 1061, adoption de la
règle de Saint Benoît
- Reconstruction après
l’incendie d’une abbatiale copiée sur Cluny II avec 6 absidioles décroissantes
et 4 chapelles d’étage. Seulement 2 autres églises en France possèdent
actuellement ce plan : La Charité sur Loire malgré la modification
gothique de l’abside et Châteaumeillant dans le Cher mais sans chapelles
d’étage et avec les 2 absidioles médianes réduites.
![]() |
La Charité sur Loire - Nièvre |
Abbatiale dotée de près de 200 chapiteaux, de
mosaïques. On peut imaginer la façade, le cloître et les bâtiments conventuels
romans détruits par les huguenots entre septembre 1569 et août 1570.
L’édifice actuel classé au patrimoine de
l’UNESCO est la plus vaste abbatiale romane de la Nouvelle Aquitaine.
![]() | |
Abbatiale Saint Jean Baptiste de Saint Sever - Landes |
- La seule apocalypse
française existante qui est un des trésors de la bibliothèque nationale
François Mitterrand.
L’abbaye
domine la région, l’abbé Suavius octroie en 1100 un statut urbain à
l’agglomération naissante autour de l’abbaye.
![]() |
Première enceinte 12ème siècle |
Puis au milieu du 12ème siècle, les
abbés autorisent les fondations de Mont de Marsan et de Mugron.
PRECISION :
Même
si sa puissance diminue au fil du temps, l’abbaye possède toujours un énorme
pouvoir et patrimoine entre la Douze et le Luy de France. Cependant pendant la
période anglaise, la puissance de Saint Sever est le fruit de l’administration
du roi-duc par l’intermédiaire de son sénéchal.
La
cité fortifiée et le château fort de Morlanne sont pour le roi-duc la position
stratégique importante au sud-est de l’Aquitaine anglaise.
Ainsi
pendant toute la période anglaise, le roi-duc peut compter pour soutenir son
ost sur 12 bastides qu’il a fondées et 2 postes avancés occupés par des hommes
d’armes, il s’agit de
- Bonnegarde face à
Orthez et de
- Poudenx face à Morlanne
64.
-
Les
rois d’Angleterre séjournent régulièrement en Chalosse. Je citerai quelques
exemples :
- 1181 Visite à St Sever
de Richard Cœur de Lion
- 9 mai 1243 Cour royale
à St Sever dans le cloître de l’abbaye
- La sénéchaussée de
Saint Sever est créée en 1255 par Henri III
- 1er novembre
1273 Edouard 1er réunit une cour de justice à St Sever
- 1282 Garcie Aliénor,
sœur du roi de Castille et reine d’Angleterre fonde le couvent des dominicains
- Hiver 1288 – 1289 le
roi duc réside à Bonnegarde pour négocier avec le Béarn
Brèves
et graves interruptions de la puissance anglaise :
- la prise de la ville et
de la citadelle de Morlanne par Charles de Valois frère de Philippe le Bel en
juillet 1295 après 4 mois de siège. La cité de St Sever revint sous la
suzeraineté du roi-duc en 1296.
- Pendant la guerre de
cent ans, en 1360, le Sire de Lescun prend la ville par surprise
- et en 1435 c’est le
coup de main sur la ville par de Guillaume de Villandrando
La
puissance anglaise conforte les pouvoirs des bourgeois
- 1254 Autorisation de
l’élection d’un maire contre l’avis de l’abbaye
- 31 juillet 1270 C’est
le célèbre paréage réglant les pouvoirs de l’abbaye, du corps de ville et du
roi après un siècle de conflit.
- En 1380, Richard III
signe la coutume de St Sever qui s’applique à la ville et au territoire de la
sénéchaussée.
Pendant
la période anglaise, l’abbaye voit sa puissance souvent confirmée par le roi ou
par le pape comme en 1213, 1266, 1357.
Le
10 octobre 1308, l’abbé est autorisé à porter des vêtements épiscopaux.
En
1312 l’abbé Raymond est promu cardinal.
E
28 juin
1442 – 13 juillet 1789 : La puissance due au sénéchal du roi de France
![]() |
2ème ligne de fortifications au XVème siècle |
Charles
VII avec son fils, le futur Louis XI, ses compagnons La Hire et Xaintrailles et
une armée de 5000 hommes descend sur le sud de la Gascogne en juin 1442. Après
être passé par Mont de Marsan, Tartas tombe le 22 juin.
Il
se dirige alors vers Saint Sever qui est défendue par le sénéchal Thomas de Rampston.
Le 27 juin, comme plus tard à fort Alamo, l’attaque initiale échoue mais la
ville est prise le 28 juin dans laquelle le roi de France entre par la porte
des Poussoles aujourd’hui appelée du Touron.
Porte des Poussoles appelée de nos jours du Touron. On voit les 2 arcs correspondants aux 2 lignes de fortifications |
Dax
tombe le 2 août et Bayonne restera anglaise jusqu’en 1451.
L’OBSOLESCENCE
DES FORTIFICATIONS DE LA VILLE ET DU CHATEAU DE MORLANNE
Si
l’enceinte fortifiée est légèrement agrandie dans les années 1450, la ville de
St Sever et la forteresse de Morlanne n’ont plus d’importance stratégique pour le
royaume de France au 15ème et au 16ème siècles :
Les
ennemis se font rares ; les espagnols sont loin même si en 1523 ils
arrivent jusqu’à Sorde l’Abbaye. On voit mal le Béarn envahir la Chalosse pour
s’attaquer au roi de France son suzerain.
Ainsi
en 1693, Louis XIV cède, le château de Morlanne à un particulier pour le
démolir.
La
configuration du site de Saint Sever est très favorable pour se défendre d’une
attaque venant du nord (Adour, collines abruptes, ravins).
Contre
un ennemi venant du sud et du sud-est, la cité est indéfendable sauf travaux
considérables à la Vauban sur 1 kilomètre.
Plan topographique du site avec les courbes de niveau espacées de 5 mètres |
A
ce sujet, il me plaît de vous donner l’avis du maréchal Soult qui au soir de sa
défaite à Orthez le 27 février 1814 essaie une dernière fois de barrer les
routes de Bordeaux et de Toulouse à son poursuivant Wellington.
Il
renonce à défendre Saint Sever en raison à l’est de la colline de Capelle qui
peut être prise très facilement et qui permettait à l’artillerie de bombarder
le pont en bois sur le fleuve qui est en forte crue et qui est situé à 600
mètres. Ainsi les divisions de Soult pouvaient être bloquées dans la ville. En
effet, l’artillerie de l’époque type Gribeauval permet d’envoyer des boulets
explosifs à environ 800 mètres en terrain plat. Ici l’artillerie domine le pont
de 60 mètres.
LA
PUISSANCE DUE A LA SUBDELEGATION DE LA SENECHAUSSEE DES LANNES
Charles
VII maintient la sénéchaussée des Lannes qui fut ensuite divisée en 3
sénéchaussées secondaires : Bayonne Dax et Saint Sever.
![]() |
Carte de la Chalosse que j'ai établie en 2003 qui donne une idée de la subdélégation de la sénéchaussée de Saint Sever |
Pour
vous montrer en partie la zone couverte par la subdélégation de St Sever,
j’utilise la carte que j’avais établie en 2003 pour délimiter la Chalosse.
Le
territoire dépendant de la sénéchaussée secondaire comprend 112
paroisses :
- En Chalosse centrale et
de l’est
- Tout le Tursan
- Geloux, Campet, Pujo,
Saint Gein, Montégut, Bourdalat et la vicomté de Juliac
- Les communes des
Pyrénées Atlantiques : St Girons, Bonnut, Lacadée, Labeyrie, St Médard, Arget,
Montagut, Malaussanne, Cabidos, Arzacq-Arraziguet, Poursiugues, Boucoue,
Coublucq, Boueilh Boueilho Lasque.
FUNESTE
11 SEPTEMBRE.1569
Après
le retournement de situation d’août 1569 avec l’arrivée en Béarn du huguenot
Gabriel de Montgomery, le siège de Navarrenx est levé par la capitaine
catholique Terride qui est assiégé à son tour dans Orthez. Les troupes
catholiques vaincues le 24 août fuient vers le nord de l’Aquitaine laissant la
Chalosse et la lande à la merci des huguenots. Seules Dax et Bayonne sont
épargnées en raison de la présence d’une garnison royale et de leurs remparts.
La petite garnison de maréchaussée du Cap de Gascogne fuit vers Dax. St Sever
est occupée le 11 septembre 1569.
Ce
fut un grand malheur, des religieux sont arquebusés, le couvent des Jacobins
est démoli en partie et occupé par les huguenots, l’abbaye est brûlée et
l’abbatiale en partie démolie
![]() |
En rouge, la partie détruite par les huguenots |
Suite
à la paix de St Germain en Laye le 8 août 1570, les huguenots quittent la
ville.
RESURRECTION
DE LA PUISSANCE RELIGIEUSE PASSAGE DE 2 A 4 CONGREGATIONS
Le
5 décembre 1590, l’italien Nicolas Sfondrati, nouvel abbé commendataire prend
la direction de St Sever et en route, il est obligé d’aller à Rome où il sera
élu pape sous le nom de Grégoire XIV.
26
juin 1620 fondation du couvent des Capucins démolie en 1975 pour reconstruire
l’hôpital actuel
28
octobre 1634 arrivée des premières ursulines à l’emplacement de l’ancien
tribunal
Ainsi
à la fin du XVIIème avec une centaine de religieux à Saint Sever, la puissance
de la religion catholique s’ajoute à la puissance de la sénéchaussée.
![]() |
1789 : les 4 congrégations religieuses |
Revenons
à la puissance due à la présence d’un sénéchal. Je citerai 3 exemples :
- Après la première
insurrection contre la gabelle le 22 janvier 1663, Saint Sever est la cité qui
abrite l’état-major des gabelous et des troupes royales qui pourchassent
d’Audijeos.
![]() |
En pointillé rouge Tartas Aire et en bleu Mont de Marsan Orthez |
-
Antoine
Mégret d’Etigny, intendant à Auch de 1751 à sa mort en 1767 fait construire 800
km de routes le plus possible rectilignes profitant des premières promotions
d’ingénieurs de l’Ecole des Ponts et Chaussées.
Ils
tracent 2 grandes routes qui seront achevées au XIXème : Mont de Marsan –
Orthez et Tartas – Aire qui se croisent au carrefour de Péré à St Sever. Depuis
cette époque, les points de passage routiers sur l’Adour moyen sont Aire à
l’est, St Sever au centre et Dax à l’ouest. Les autres ponts sur le fleuve
n’ont pas la voirie adaptée pour traverser facilement les collines, voir plus
loin dans cet exposé.
- Juste avant sa mort en
1767, d’Etigny lance les grands travaux de la première déviation de Saint Sever
qui durèrent 20 ans.
F – Après le 14 juillet 1789 :
Le lent déclin de la puissance due à la force administrative centripète
Saint Sever en 1789 extrait Atlas des villes de France |
Ce
plan établi pour l’Atlas Historique des Villes de France donne la photo de la
ville haute de Saint Sever en 1789. Pour compléter, je vous projette maintenant
un croquis de la ville en 1798.
Si
pour la puissance de la cité du Cap de Gascogne, les journées funestes du 28
juin 1442 et du 11 septembre 1569 furent effacées à la longue, les journées du
12 janvier 1790, création du département et du 4 mars 1790, création des 4
districts, ne furent jamais gommées.
SAINT
SEVER PERD PEU A PEU SA PUISSANCE ADMINISTRATIVE :
- La préfecture, le 12 janvier 1790, alors
qu’elle était la cité la plus peuplée du département si l’on excepte Saint
Esprit actuellement quartier de Bayonne.
- Une partie de la
commune,
le 19 novembre 1904, 240 hectares rattachés à Montsoué commune créée en 1875
.
En orange la partie rattachée à Montsoué |
- La sous-préfecture, le 31 décembre 1926, avec
son arrondissement qui comprenait les cantons de Tartas, Mugron, Amou,
Hagetmau, St Sever, Geaune et Aire
- Deux communes du canton en
1947 : Saint Maurice et Larrivière.
La
force administrative centripète comme un trou noir dans le cosmos a dévoré peu
à peu toutes les administrations civiles, militaires, judiciaires, financières.
Mais
parfois au Cap de Gascogne, on sourit.
Je
vous citerai un exemple le siège de la caisse d’épargne.
Chronologiquement,
au XIXème, 3 caisses d’épargne furent créées Dax, Saint Sever et Mont de
Marsan. A la fin du 20ème siècle, la petite caisse de Saint Sever
qui comprenait que 4 cantons Aire, Geaune, Hagetmau et Saint Sever fut dissoute
et avalée par celle de Mont de Marsan. A Saint Sever, on hurla mais Dax et Mont
de Marsan ne dirent rien. Quand la caisse d’épargne devint départementale avec son
siège à Dax, Mont de Marsan gronda, Dax et Saint Sever se turent mais au Cap de
Gascogne, le silence était accompagné d’un petit sourire.
Quand
Bordeaux a obtenu le siège de la caisse régionale d’épargne, Dax râla mais les
2 autres cités eurent un petit sourire.
Je
pourrai évoquer la disparition des commerces dans les villages puis dans les
petits chef- lieux de canton, puis dans les petites villes et maintenant à St
Sever et à Hagetmau, on sourit quand on voit le centre-ville du Moun en
difficulté.
Heureusement
de nos jours, les puissances de Saint Sever sont le fruit de l’économie, du
réseau routier et du patrimoine naturel et bâti.
Jadis,
la puissance provenait d’acteurs politiques ou religieux : Palestrion,
résidence du comte de Gascogne, abbaye, sénéchaussée anglaise puis française.
De
nos jours, il ne faut plus parler des acteurs de la puissance mais des 3 facteurs
de la puissance de Saint Sever.
1ère
Facteur économique :
La
forte chaîne agro-alimentaire située sur la commune mais également dans la
communauté des communes : Haut Mauco (Maïsadour et future agrolandes),
Aurice (TFE), Montaut (Lafitte), Hagetmau (plusieurs entreprises) et Geaune
avec la cave.
J’étends
volontairement le facteur économique à la Communauté Chalosse-Tursan car la
taxe payée par les entreprises est communautaire et Saint Sever possède le
siège de la Communauté.
Quels
sont les maillons de cette chaîne ?
Recherche,
matériel agricole, engrais, maïs, vin, usines de fabrication d’aliments pour
les animaux, volailles au pluriel, palmipèdes, abattoirs, conserveries,
entrepôts et transports frigorifiques, plumes, duvets, vêtements.
Qui
sait que Saint Sever possède sur sa zone industrielle forte de près de 1000
emplois, le plus grand entrepôt frigorifique de chocolat en France ?
Lindt
fabrique à Oloron, stocke et répartit depuis Saint Sever en profitant de l’entreprise
TFE.
Le
19 septembre dernier, le journal Sud-Ouest classe Saint Sever en 7ème
position pour les destinations de travail des actifs landais. Ce classement me
sert d’excellente transition pour le facteur suivant.
2ème
Facteur l’infrastructure routière :
Si
Lindt a choisi Saint Sever-Aurice, c’est certes en raison de la présence des
immenses entrepôts réfrigérés de TFE mais également de la situation de la ville
dans le sud Aquitaine et du réseau routier vers Dax, Mont de Marsan avec la 4
voies, Aire, Orthez, Pau).
Si
actuellement la route Tartas-Aire n’est plus la nationale 124 de Bayonne à
Toulouse en raison de l’autoroute longeant les Pyrénées. Cette voie est très
fréquentée par les semis remorques étrangers voulant éviter le péage confer les
manifestations dans les bourgs du Gers.
Mais
le facteur routier le plus favorable à la première cité de Chalosse est l’axe nord
sud, à 4 voies de Mont de Marsan au Gabas qui traverse ensuite les collines de
Chalosse quasiment en ligne droite jusqu’à Orthez.
En
effet sur 90 km entre Aire et Dax, il existe 8 ponts routiers sur le fleuve
dont 2 à Saint Sever. Mais au sud du fleuve, le réseau routier débouchant des 6
autres ponts est étroit, sinueux sans pénétrante pratique pour franchir
perpendiculairement les rideaux des collines sud-est nord-ouest.
Saint
Sever est le point de passage obligé pour les béarnais de l’ouest et les
basques de l’est pour aller vers la Gironde, le Lot et Garonne et la Dordogne.
3ème
Facteur touristique due au riche et magnifique patrimoine en cours de mise en
valeur :
Il
me faut citer les points les plus forts
- la plus grande
abbatiale (je ne dis pas cathédrale ou église) de la Nouvelle Aquitaine dont la
magnifique restauration intérieure s’achèvera au tout début 2020 qui vaut déjà
le déplacement.
- L’abbaye inscrite au
patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1998 au titre des chemins de St Jacques
- Les 2 cloîtres
complets, particularité rare dans le grand Sud-Ouest : Toulouse, St
Emilion
- Avec Toulouse seul
couvent des Dominicains intact et complet
- La présentation et
l’explication du seul manuscrit français de l’Apocalypse au tout nouveau musée
d’art et d’histoire
- Oppidum barré de
Morlanne récemment aménagé
- Autres atouts pouvant
être utilisés après aménagements :
Couvent des Jacobins restauré
Maison Sentex ( faïences,mosaïques et
instruments médicaux du début du XXe siècle),
Manufacture Crabos avec ses machines uniques en
France,
Bords de l’Adour,
Villa romaine d’Augreilh,
Tous
ces atouts feront qu’un jour proche, ce que j’appelle l’œil du cyclone touristique
ne sera plus centré sur Saint Sever avec comme bords une ligne passant par Aire,
Hagetmau, Montfort, Tartas, Mont de Marsan et Villeneuve. En effet, le tourisme
est florissant sur la côte, en pays basque, dans les Pyrénées, dans le Gers,
dans le Lot et Garonne et en Gironde.
Il
n’est pas normal que le nombre de visiteurs à Saint Sever en août soit
inférieur à celui de Sarlat ou de Saint Emilion en janvier.
Le fleuve fait le gros dos |
En
conclusion, je vous montre le fleuve Adour en crue sous le vieux pont qui fut
successivement propriété de l’état, du département et qui est maintenant
communal. Cette photo symbolise, le principal point de passage nord sud sur
l’Adour dans le centre du département.
Je
finirai par une phrase extraite du texte de la célèbre reconstitution
historique qui avait obtenu le premier prix national d’animation des sites et
monuments historiques pour son premier spectacle le 10 août 1974 :
« Passent
les ans, passent les jours, coule tranquille le fleuve Adour »
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