mercredi 8 octobre 2008

S : Saint-Sever, une épopée gasconne 407 – 1789 ou les acteurs de la puissance de Saint-Sever entre 407 – 14 juillet 1789



S : Saint-Sever, une épopée gasconne 407 – 1789 ou les acteurs de la puissance de Saint-Sever entre 407 – 14 juillet 1789
LE PLAN DE L'ETUDE

Pour ne pas allonger, je tiens à préciser que je ne citerai pas toutes les sources souvent de provenances multiples pour un même évènement. Cependant, je ne dois pas oublier 2 précieux ouvrages en ce qui concerne la puissance de l’abbaye :
-       Chartes et documents hagiographiques de l’abbaye de Saint Sever 2 tomes de Georges Pon et Jean Cabanot CEHAG 2010
-       L’ouvrage édité après le colloque du millénaire de l’abbaye fêté en 1985.
En ce qui concerne les photos, quelque unes proviennent du web, mais pour la majorité, j’en suis l’auteur ou le propriétaire suite au legs de feu le docteur Pierre Ceccaldi.


 AVANT 56 AVANT JESUS CHRIST
 
On doit distinguer deux périodes :
Antérieurement à 56 avant J.C.
La préhistoire :
Pas de grottes autour du site de Morlanne, les plus proches habitées se situent à Montaut à 6 km. Elles furent détruites pendant la guerre de 14 18 pour alimenter le front en calcaire.
On peut penser à une occupation préhistorique de cette partie nord de la Chalosse, Brassempouy n’est qu’à 19 km en ligne droite.

La protohistoire :
L’oppidum barré de Morlanne fut isolé du reste du plateau avant l’arrivée des romains. Ce site a toujours abrité une communauté et il est toujours habité.

En rouge les 2 buttes barrant l'oppidum
L’arrivée des romains
Les Aquitains sont battus par Crassus en 56 avant JC lors d’une bataille que l’historien Jean Pierre Brethes situe dans la grande vallée de l’Adour entre Cazères sur Adour et Pontonx.
L’intaille en cornaline (variété translucide d’agate) découverte en 1966, datée du 1er siècle avant JC atteste de l’ancienneté de la présence humaine sur l’oppidum barré.
La petite communauté va peu à peu se romaniser.

Mosaïque du Gleyzia d'Augreilh
On peut affirmer qu’au 4ème siècle, il existe une vie très riche autour de l’oppidum de Morlanne : villae du Gleyzia d’Augreilh, de Montgaillard, de Bahus Juzanx, de Serresgaston, de Gouts etc.
Le célèbre bénédictin du 17e don du Buisson dans son histoire de l’abbaye fait état du Palestrion, palais du gouverneur romain Adrien, qui aurait été converti par Severus (futur Saint Sever) à la fin du 4e. Ce gouverneur quel territoire dirige-t-il dans son Palestrion ? C’est difficile de répondre à cette question en sachant que les villes romaines existent à Aire et à Dax.




B 407 – 13 septembre 988 : Le Palestrion devint une des résidences du comte de Gascogne

Cette période de près de 580 ans est très peu connue. Elle est souvent décrite par des légendes religieuses autour du tombeau de Severus le « céphalophore », décapité vers 407 par les Vandales ?

Lieu du martyr de Severus futur Saint Sever situé au bas de la côte de Brille

Si les textes et les études historiques manquent, néanmoins on peut subodorer que le « Palestrion » est un puissant centre de décision durant les périodes wisigothique, mérovingienne, carolingienne et du haut moyen âge.


La preuve de l’importance de ce palais est archéologique ; les chapiteaux classés MH exposés au musée d’art et d’histoire du Cap de Gascogne en témoignent ainsi que les 5 belles colonnes en marbre et les 3 chapiteaux corinthiens de l’abbatiale. Plusieurs chapiteaux du musée furent découverts en mai 1894 lors de travaux de voirie sous les arènes actuelles.
Les constructeurs du Palestrion ont-ils utilisés des chapiteaux provenant de la villa d’Augreilh ?
Par contre ce qui est sûr c’est que les constructeurs et les restaurateurs de l’abbatiale se sont servis sur les 2 sites.

Ce Palestrion a dû connaître plusieurs péripéties en raison de l’histoire régionale :

507 Défaite des wisigoths à Vouillé 86 qui fuient en Espagne
592 Rattachement du Mont des Lannes au royaume franc ?
Vers 668 certains auteurs évoquent la présence de moines sur l’oppidum de Morlanne sur le tombeau de Saint Sever.
716 Les arabes franchissent les Pyrénées.
732 Célèbre bataille de Poitiers.

Néanmoins, cette résidence a toujours un rayonnement sur la région Chalosse – Tursan - Vallée de l’Adour. Quand devint-elle une des résidences du comte de Gascogne ? L’appellation Caput Vasconiae Cap de Gascogne provient elle du site géographique dominant la vallée de l’Adour et le début de la plaine des Landes et/ou d’une ou de la résidence du comte de Gascogne ?

Le cercle figure l'emplacement de Taller

Vers 986, Guillaume Sanche,10ème comte de Gascogne bat des envahisseurs (Sarrazins ou normands) dans la plaine des Landes vers Taller. La légende religieuse veut qu’il ait vu pendant la bataille Saint Sever lui montrant le chemin de la victoire. Il promit alors de faire construire ou reconstruire un monastère à la gloire de Séverus.

Dans le chapitre suivant, j’utiliserai beaucoup moins d’interrogations et beaucoup moins le conditionnel. 


C 14 septembre 988 – 24 octobre 1154 La grande puissance due à l’abbaye

Précision préliminaire sur cette période :
J’arrête volontairement cette période la veille du couronnement d’Henri Plantagenet roi d’Angleterre. A cette date, la puissance de l’abbaye même si elle n’a plus le lustre du XIè est toujours très importante. J’ai fait ce choix pour favoriser l’époque du roi -duc d’Aquitaine. Je veux donc insister sur les pouvoirs politique et militaire qu’il exerce par son sénéchal sur la zone d’influence de la sénéchaussée.

La date de la fondation de l’abbaye a souvent fluctué : 963, 988 et 993.
Depuis les travaux de recherches effectués à la fin du XXème siècle en particulier pour fêter le millénaire, la date du 14 septembre 988 a été arrêtée.
Sanche-Bergamion et Ânier-Eloi ont vendu au comte Guilhem Sanche et à son épouse Urraca, fille du roi de Navarre, le lieu de Saint Sever pour 300 sous d’argent et 45 vaches. Ce terrain est situé sur le premier emplacement plat au sud de l’oppidum. Une aussi grande abbaye ne pouvait s’installer sur l’oppidum barré de Morlanne qui n’a que 3.50 hectares de surface plate déjà occupé par le Palestrion et par une petite agglomération.

Peu de temps après Sanche et Urraca donnent à Saint Sever et aux moines :

Entre Gabas en haut et Adour en bas - plan A.D. 1742

Le territoire entre Adour et Gabas d’Eyres à Toulouzette

Eglise de Lannes - 47
L’église et la villa de St Jean de Villeneuve à Lannes 47
Les églises de Bostens 40 et de St Martin de l’Île, lieu non déterminée
La villa et l’église de Brocas actuellement les Forges 40
La villa d’Aubos sûrement située à St Sever

Les dotations, les donations et les achats se poursuivent pendant les11ème et 12èmesiècles.

 
Temporal à la fin du XIème

Détail entre Gabas et Midouze


 Les ventes ou les rétrocessions d’églises et de biens immobiliers se succèdent pendant tout le Moyen Age.

Soulac 33
Les médiévistes régionaux connaissent le long feuilleton qui dure pendant près de 2 siècles pour déterminer l’abbaye propriétaire de l’église de Soulac à l’embouchure de la Gironde qui est définitivement rattachée à l’abbaye Sainte Croix de Bordeaux le 1er avril 1182 (ce n’est pas un poisson d’avril malgré la proximité de l’océan).

L’évolution positive et négative des biens temporels de la grande abbaye de Saint Sever au moyen âge pourrait faire l’objet d’un master.
A partir des 2 ouvrages Cabanot-Pon, je me suis amusé à compter seulement les biens immobiliers et humains entrés dans le domaine de l’abbaye. Ces propriétés ou droits ont une durée variable. Rares sont les biens comme les églises de Lacrabe et de Morganx qui figurent depuis la première donation, fin du 10ème jusqu’en 1789

Nombre d’acquisitions figurant sur les ouvrages de Messieurs Pon et Cabanot
Eglises :
Landes 38 ;
Lot et Garonne 6 ;
Gers 3 ;  

Brechan jadis Bedessan commune de Mauléon d'Armagnac


Gironde 2 ;
Navarre 1 (Iroz) 

 
Iroz Navarra sur le bord de la route Roncevaux Pampelune

 Lieux indéterminés 2

Villas :
 Landes 8 ; Gironde 1 ; Lot et Garonne 1 ; lieux indéterminés 4 

Domaines et dépendances d’églises :
 Landes 6 ; Lot et Garonne 1 ; lieux indéterminés 3 ;

Autres propriétés ou droits :
Landes 6

Ce texte ayant été présenté la première fois à Saint Perdon, il me plaît signaler le document figurant à la page 199 du tome 1 des Chartes provenant de l’acte N° 28 :
« Garsie de St Pardoux a donné le quart de la dîmerie de l’église de Saint Orens de Fossadils parce qu’il y a été enterré.
Jean Cabanot précise dans sa note 403 :
« Le vocable de St Orens est encore porté aujourd’hui par une petite église toute proche de la rive gauche de la Midouze. Ce petit édifice qui conserve des élèments assez archaïques – en particulier un chevet occidental en hémicycle prolongeant une nef unique complétée par la suite par un nouveau chevet oriental rectangulaire - est rattaché à Saint Perdon. Le vocable est parfois transformé en St Pardon, St Pardoine, Saint Perdoine pourrait prolonger un ancien Sanctum Pardulfum ».

La puissance de l’abbaye atteint son apogée sous l’abbatiat du grand Grégoire de Montaner 1028 au 11 janvier 1072 date de son décès. Il fait reconstruire l’abbatiale après l’incendie intervenu vers 1060. Cet abbé mitré fut également évêque de Lescar.

Sous son abbatiat, on retient pour prouver la puissance de l’abbaye :

-       En 1061, adoption de la règle de Saint Benoît
-       Reconstruction après l’incendie d’une abbatiale copiée sur Cluny II avec 6 absidioles décroissantes et 4 chapelles d’étage. Seulement 2 autres églises en France possèdent actuellement ce plan : La Charité sur Loire malgré la modification gothique de l’abside et Châteaumeillant dans le Cher mais sans chapelles d’étage et avec les 2 absidioles médianes réduites.


 
Châteaumeillant - Cher

La Charité sur Loire - Nièvre


Abbatiale dotée de près de 200 chapiteaux, de mosaïques. On peut imaginer la façade, le cloître et les bâtiments conventuels romans détruits par les huguenots entre septembre 1569 et août 1570.
L’édifice actuel classé au patrimoine de l’UNESCO est la plus vaste abbatiale romane de la Nouvelle Aquitaine.

 Abbatiale Saint Jean Baptiste de Saint Sever - Landes
VIDEO DU CHEVET INTERIEUR - prise de vue actuellement impossible sauf avec un drone

VOIR


-       La seule apocalypse française existante qui est un des trésors de la bibliothèque nationale François Mitterrand.






L’abbaye domine la région, l’abbé Suavius octroie en 1100 un statut urbain à l’agglomération naissante autour de l’abbaye.

Première enceinte 12ème siècle

 Puis au milieu du 12ème siècle, les abbés autorisent les fondations de Mont de Marsan et de Mugron.


  D 25 octobre 1154 – 27 juin 1442 : La puissance de Saint Sever due à la sénéchaussée anglaise


PRECISION :
Même si sa puissance diminue au fil du temps, l’abbaye possède toujours un énorme pouvoir et patrimoine entre la Douze et le Luy de France. Cependant pendant la période anglaise, la puissance de Saint Sever est le fruit de l’administration du roi-duc par l’intermédiaire de son sénéchal.

La cité fortifiée et le château fort de Morlanne sont pour le roi-duc la position stratégique importante au sud-est de l’Aquitaine anglaise.

Les cercles rouges figurent les garnisons gasco-anglaises et les jaunes les forteresses béarnaises. Les croix représentent les bastides. A l'est limite en bleu du royaume de France et en jaune frontière avec le Béarn

Ainsi pendant toute la période anglaise, le roi-duc peut compter pour soutenir son ost sur 12 bastides qu’il a fondées et 2 postes avancés occupés par des hommes d’armes, il s’agit de
-       Bonnegarde face à Orthez et de
-       Poudenx face à Morlanne 64.
-        
Les rois d’Angleterre séjournent régulièrement en Chalosse. Je citerai quelques exemples :
-       1181 Visite à St Sever de Richard Cœur de Lion
-       9 mai 1243 Cour royale à St Sever dans le cloître de l’abbaye
-       La sénéchaussée de Saint Sever est créée en 1255 par Henri III
-       1er novembre 1273 Edouard 1er réunit une cour de justice à St Sever
-       1282 Garcie Aliénor, sœur du roi de Castille et reine d’Angleterre fonde le couvent des dominicains
-       Hiver 1288 – 1289 le roi duc réside à Bonnegarde pour négocier avec le Béarn

Brèves et graves interruptions de la puissance anglaise :
-       la prise de la ville et de la citadelle de Morlanne par Charles de Valois frère de Philippe le Bel en juillet 1295 après 4 mois de siège. La cité de St Sever revint sous la suzeraineté du roi-duc en 1296.
-       Pendant la guerre de cent ans, en 1360, le Sire de Lescun prend la ville par surprise
-       et en 1435 c’est le coup de main sur la ville par de Guillaume de Villandrando

La puissance anglaise conforte les pouvoirs des bourgeois
-       1254 Autorisation de l’élection d’un maire contre l’avis de l’abbaye
-       31 juillet 1270 C’est le célèbre paréage réglant les pouvoirs de l’abbaye, du corps de ville et du roi après un siècle de conflit.
-       En 1380, Richard III signe la coutume de St Sever qui s’applique à la ville et au territoire de la sénéchaussée.



Pendant la période anglaise, l’abbaye voit sa puissance souvent confirmée par le roi ou par le pape comme en 1213, 1266, 1357.
Le 10 octobre 1308, l’abbé est autorisé à porter des vêtements épiscopaux.
En 1312 l’abbé Raymond est promu cardinal.


E 28 juin 1442 – 13 juillet 1789 : La puissance due au sénéchal du roi de France

2ème ligne de fortifications au XVème siècle

Charles VII avec son fils, le futur Louis XI, ses compagnons La Hire et Xaintrailles et une armée de 5000 hommes descend sur le sud de la Gascogne en juin 1442. Après être passé par Mont de Marsan, Tartas tombe le 22 juin.
Il se dirige alors vers Saint Sever qui est défendue par le sénéchal Thomas de Rampston. Le 27 juin, comme plus tard à fort Alamo, l’attaque initiale échoue mais la ville est prise le 28 juin dans laquelle le roi de France entre par la porte des Poussoles aujourd’hui appelée du Touron.

Porte des Poussoles appelée de nos jours du Touron. On voit les 2 arcs correspondants aux 2 lignes de fortifications


Dax tombe le 2 août et Bayonne restera anglaise jusqu’en 1451.

L’OBSOLESCENCE DES FORTIFICATIONS DE LA VILLE ET DU CHATEAU DE MORLANNE
Si l’enceinte fortifiée est légèrement agrandie dans les années 1450, la ville de St Sever et la forteresse de Morlanne n’ont plus d’importance stratégique pour le royaume de France au 15ème et au 16ème siècles :
Les ennemis se font rares ; les espagnols sont loin même si en 1523 ils arrivent jusqu’à Sorde l’Abbaye. On voit mal le Béarn envahir la Chalosse pour s’attaquer au roi de France son suzerain.
Ainsi en 1693, Louis XIV cède, le château de Morlanne à un particulier pour le démolir.
La configuration du site de Saint Sever est très favorable pour se défendre d’une attaque venant du nord (Adour, collines abruptes, ravins).
Contre un ennemi venant du sud et du sud-est, la cité est indéfendable sauf travaux considérables à la Vauban sur 1 kilomètre.

Plan topographique du site avec les courbes de niveau espacées de 5 mètres


A ce sujet, il me plaît de vous donner l’avis du maréchal Soult qui au soir de sa défaite à Orthez le 27 février 1814 essaie une dernière fois de barrer les routes de Bordeaux et de Toulouse à son poursuivant Wellington.
Il renonce à défendre Saint Sever en raison à l’est de la colline de Capelle qui peut être prise très facilement et qui permettait à l’artillerie de bombarder le pont en bois sur le fleuve qui est en forte crue et qui est situé à 600 mètres. Ainsi les divisions de Soult pouvaient être bloquées dans la ville. En effet, l’artillerie de l’époque type Gribeauval permet d’envoyer des boulets explosifs à environ 800 mètres en terrain plat. Ici l’artillerie domine le pont de 60 mètres.


LA PUISSANCE DUE A LA SUBDELEGATION DE LA SENECHAUSSEE DES LANNES

Charles VII maintient la sénéchaussée des Lannes qui fut ensuite divisée en 3 sénéchaussées secondaires : Bayonne Dax et Saint Sever.

Carte de la Chalosse que j'ai établie en 2003 qui donne une idée de la subdélégation de la sénéchaussée de Saint Sever


Pour vous montrer en partie la zone couverte par la subdélégation de St Sever, j’utilise la carte que j’avais établie en 2003 pour délimiter la Chalosse.
Le territoire dépendant de la sénéchaussée secondaire comprend 112 paroisses :
-       En Chalosse centrale et de l’est
-       Tout le Tursan
-       Geloux, Campet, Pujo, Saint Gein, Montégut, Bourdalat et la vicomté de Juliac
-       Les communes des Pyrénées Atlantiques : St Girons, Bonnut, Lacadée, Labeyrie, St Médard, Arget, Montagut, Malaussanne, Cabidos, Arzacq-Arraziguet, Poursiugues, Boucoue, Coublucq, Boueilh Boueilho Lasque.

FUNESTE 11 SEPTEMBRE.1569

Après le retournement de situation d’août 1569 avec l’arrivée en Béarn du huguenot Gabriel de Montgomery, le siège de Navarrenx est levé par la capitaine catholique Terride qui est assiégé à son tour dans Orthez. Les troupes catholiques vaincues le 24 août fuient vers le nord de l’Aquitaine laissant la Chalosse et la lande à la merci des huguenots. Seules Dax et Bayonne sont épargnées en raison de la présence d’une garnison royale et de leurs remparts. La petite garnison de maréchaussée du Cap de Gascogne fuit vers Dax. St Sever est occupée le 11 septembre 1569.
Ce fut un grand malheur, des religieux sont arquebusés, le couvent des Jacobins est démoli en partie et occupé par les huguenots, l’abbaye est brûlée et l’abbatiale en partie démolie

En rouge, la partie détruite par les huguenots
 
Suite à la paix de St Germain en Laye le 8 août 1570, les huguenots quittent la ville.

RESURRECTION DE LA PUISSANCE RELIGIEUSE PASSAGE DE 2 A 4 CONGREGATIONS

Le 5 décembre 1590, l’italien Nicolas Sfondrati, nouvel abbé commendataire prend la direction de St Sever et en route, il est obligé d’aller à Rome où il sera élu pape sous le nom de Grégoire XIV.

26 juin 1620 fondation du couvent des Capucins démolie en 1975 pour reconstruire l’hôpital actuel
28 octobre 1634 arrivée des premières ursulines à l’emplacement de l’ancien tribunal

Ainsi à la fin du XVIIème avec une centaine de religieux à Saint Sever, la puissance de la religion catholique s’ajoute à la puissance de la sénéchaussée.

1789 : les 4 congrégations religieuses
Revenons à la puissance due à la présence d’un sénéchal. Je citerai 3 exemples :
-       Après la première insurrection contre la gabelle le 22 janvier 1663, Saint Sever est la cité qui abrite l’état-major des gabelous et des troupes royales qui pourchassent d’Audijeos.

En pointillé rouge Tartas Aire et en bleu Mont de Marsan Orthez

-       Antoine Mégret d’Etigny, intendant à Auch de 1751 à sa mort en 1767 fait construire 800 km de routes le plus possible rectilignes profitant des premières promotions d’ingénieurs de l’Ecole des Ponts et Chaussées.
 Ils tracent 2 grandes routes qui seront achevées au XIXème : Mont de Marsan – Orthez et Tartas – Aire qui se croisent au carrefour de Péré à St Sever. Depuis cette époque, les points de passage routiers sur l’Adour moyen sont Aire à l’est, St Sever au centre et Dax à l’ouest. Les autres ponts sur le fleuve n’ont pas la voirie adaptée pour traverser facilement les collines, voir plus loin dans cet exposé.

-       Juste avant sa mort en 1767, d’Etigny lance les grands travaux de la première déviation de Saint Sever qui durèrent 20 ans.


FAprès le 14 juillet 1789 : Le lent déclin de la puissance due à la force administrative centripète



Saint Sever en 1789 extrait Atlas des villes de France


Ce plan établi pour l’Atlas Historique des Villes de France donne la photo de la ville haute de Saint Sever en 1789. Pour compléter, je vous projette maintenant un croquis de la ville en 1798.



Si pour la puissance de la cité du Cap de Gascogne, les journées funestes du 28 juin 1442 et du 11 septembre 1569 furent effacées à la longue, les journées du 12 janvier 1790, création du département et du 4 mars 1790, création des 4 districts, ne furent jamais gommées.


SAINT SEVER PERD PEU A PEU SA PUISSANCE ADMINISTRATIVE :

-       La préfecture, le 12 janvier 1790, alors qu’elle était la cité la plus peuplée du département si l’on excepte Saint Esprit actuellement quartier de Bayonne.
-       Une partie de la commune, le 19 novembre 1904, 240 hectares rattachés à Montsoué commune créée en 1875
.
En orange la partie rattachée à Montsoué

-       La sous-préfecture, le 31 décembre 1926, avec son arrondissement qui comprenait les cantons de Tartas, Mugron, Amou, Hagetmau, St Sever, Geaune et Aire

-       Deux communes du canton en 1947 : Saint Maurice et Larrivière.

La force administrative centripète comme un trou noir dans le cosmos a dévoré peu à peu toutes les administrations civiles, militaires, judiciaires, financières.

Mais parfois au Cap de Gascogne, on sourit.
Je vous citerai un exemple le siège de la caisse d’épargne.
Chronologiquement, au XIXème, 3 caisses d’épargne furent créées Dax, Saint Sever et Mont de Marsan. A la fin du 20ème siècle, la petite caisse de Saint Sever qui comprenait que 4 cantons Aire, Geaune, Hagetmau et Saint Sever fut dissoute et avalée par celle de Mont de Marsan. A Saint Sever, on hurla mais Dax et Mont de Marsan ne dirent rien. Quand la caisse d’épargne devint départementale avec son siège à Dax, Mont de Marsan gronda, Dax et Saint Sever se turent mais au Cap de Gascogne, le silence était accompagné d’un petit sourire.
Quand Bordeaux a obtenu le siège de la caisse régionale d’épargne, Dax râla mais les 2 autres cités eurent un petit sourire.

Je pourrai évoquer la disparition des commerces dans les villages puis dans les petits chef- lieux de canton, puis dans les petites villes et maintenant à St Sever et à Hagetmau, on sourit quand on voit le centre-ville du Moun en difficulté.

Heureusement de nos jours, les puissances de Saint Sever sont le fruit de l’économie, du réseau routier et du patrimoine naturel et bâti.

Jadis, la puissance provenait d’acteurs politiques ou religieux : Palestrion, résidence du comte de Gascogne, abbaye, sénéchaussée anglaise puis française.



De nos jours, il ne faut plus parler des acteurs de la puissance mais des 3 facteurs de la puissance de Saint Sever.

1ère Facteur économique :

La forte chaîne agro-alimentaire située sur la commune mais également dans la communauté des communes : Haut Mauco (Maïsadour et future agrolandes), Aurice (TFE), Montaut (Lafitte), Hagetmau (plusieurs entreprises) et Geaune avec la cave.
J’étends volontairement le facteur économique à la Communauté Chalosse-Tursan car la taxe payée par les entreprises est communautaire et Saint Sever possède le siège de la Communauté.

Quels sont les maillons de cette chaîne ?

Recherche, matériel agricole, engrais, maïs, vin, usines de fabrication d’aliments pour les animaux, volailles au pluriel, palmipèdes, abattoirs, conserveries, entrepôts et transports frigorifiques, plumes, duvets, vêtements.
Qui sait que Saint Sever possède sur sa zone industrielle forte de près de 1000 emplois, le plus grand entrepôt frigorifique de chocolat en France ?
Lindt fabrique à Oloron, stocke et répartit depuis Saint Sever en profitant de l’entreprise TFE.

Le 19 septembre dernier, le journal Sud-Ouest classe Saint Sever en 7ème position pour les destinations de travail des actifs landais. Ce classement me sert d’excellente transition pour le facteur suivant.

2ème Facteur l’infrastructure routière :

Si Lindt a choisi Saint Sever-Aurice, c’est certes en raison de la présence des immenses entrepôts réfrigérés de TFE mais également de la situation de la ville dans le sud Aquitaine et du réseau routier vers Dax, Mont de Marsan avec la 4 voies, Aire, Orthez, Pau).
Si actuellement la route Tartas-Aire n’est plus la nationale 124 de Bayonne à Toulouse en raison de l’autoroute longeant les Pyrénées. Cette voie est très fréquentée par les semis remorques étrangers voulant éviter le péage confer les manifestations dans les bourgs du Gers.
Mais le facteur routier le plus favorable à la première cité de Chalosse est l’axe nord sud, à 4 voies de Mont de Marsan au Gabas qui traverse ensuite les collines de Chalosse quasiment en ligne droite jusqu’à Orthez.
En effet sur 90 km entre Aire et Dax, il existe 8 ponts routiers sur le fleuve dont 2 à Saint Sever. Mais au sud du fleuve, le réseau routier débouchant des 6 autres ponts est étroit, sinueux sans pénétrante pratique pour franchir perpendiculairement les rideaux des collines sud-est nord-ouest.
Saint Sever est le point de passage obligé pour les béarnais de l’ouest et les basques de l’est pour aller vers la Gironde, le Lot et Garonne et la Dordogne. 

3ème Facteur touristique due au riche et magnifique patrimoine en cours de mise en valeur :

Il me faut citer les points les plus forts
-       la plus grande abbatiale (je ne dis pas cathédrale ou église) de la Nouvelle Aquitaine dont la magnifique restauration intérieure s’achèvera au tout début 2020 qui vaut déjà le déplacement.
-       L’abbaye inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1998 au titre des chemins de St Jacques
-       Les 2 cloîtres complets, particularité rare dans le grand Sud-Ouest : Toulouse, St Emilion
-       Avec Toulouse seul couvent des Dominicains intact et complet
-       La présentation et l’explication du seul manuscrit français de l’Apocalypse au tout nouveau musée d’art et d’histoire
-       Oppidum barré de Morlanne récemment aménagé
-       Autres atouts pouvant être utilisés après aménagements :
     Couvent des Jacobins restauré
Maison Sentex ( faïences,mosaïques et instruments médicaux du début du XXe siècle),
Manufacture Crabos avec ses machines uniques en France,
Bords de l’Adour,
Villa romaine d’Augreilh,

Tous ces atouts feront qu’un jour proche, ce que j’appelle l’œil du cyclone touristique ne sera plus centré sur Saint Sever avec comme bords une ligne passant par Aire, Hagetmau, Montfort, Tartas, Mont de Marsan et Villeneuve. En effet, le tourisme est florissant sur la côte, en pays basque, dans les Pyrénées, dans le Gers, dans le Lot et Garonne et en Gironde.
Il n’est pas normal que le nombre de visiteurs à Saint Sever en août soit inférieur à celui de Sarlat ou de Saint Emilion en janvier.


Le fleuve fait le gros dos

En conclusion, je vous montre le fleuve Adour en crue sous le vieux pont qui fut successivement propriété de l’état, du département et qui est maintenant communal. Cette photo symbolise, le principal point de passage nord sud sur l’Adour dans le centre du département.

Je finirai par une phrase extraite du texte de la célèbre reconstitution historique qui avait obtenu le premier prix national d’animation des sites et monuments historiques pour son premier spectacle le 10 août 1974 :

« Passent les ans, passent les jours, coule tranquille le fleuve Adour »









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