mardi 14 octobre 2008

M : Minet (le déjeuner de)


                                Le déjeuner de Minet

Quand mon minet dans l'alcôve

S'étire au premier chant d'oiseau

Il me tend son joli museau

Dont j'adore l''effluve fauve...


Le matin pour mieux m'éveiller

Le long de ma jambe se presse

Et pour quêter une caresse

Se hisse jusqu'à l'oreiller


Il demande une friandise;

Alors que j'ai vingt fois baisé

Et rebaissé son poil frisé

Je satisfais sa gourmandise.

 

D'abord d'un doigt léger, furtif

J'excite sa lèvre charmante

Et sa faim, tout de suite augmente

A ce premier apéritif

 

Il se tord comme une couleuvre 

Il demande un plat sérieux

Je lui donne en attendant mieux 

Un peu de langue pour hors d’œuvre

 

Dans ce déjeuner matinal,

Il ne mange pas, il dévore

Ce qu'il faut à mon carnivore

Ce n'est pas un morceau banal.

 

Aussi, voyez comme il le guette

Sa gueule qui va le saisir,

Est tout humide...et le désir

Fait gonfler sa rose languette...

 

Plein de gourmande volupté

Il frémit, son poil à la fièvre.

Enfin, je présente à sa lèvre,

Le déjeuner tant convoité.

 

Par bonds pressés, par soubresauts,

Mon chat gourmet, savant, procède,

Quand il sent que le morceau cède,

Il précipite les assauts.

 

Il presse, il tire, il tord, il broie

Rien du festin ne le distrait.

Non, rien, tant qu'il n'a pas extrait

Tout le suc que contient sa proie.

 

Alors, il se couche, ravi

Tout pantelant, il se repose. 

Mais sa voluptueuse pose

Prouve qu'il n'est pas assouvi.


Mais moi, je réclame une trêve

Mes magasins sont épuisés. 

Je le calme avec des baisers, 

Il se rendort et mange en rêve.

 

Aussi de ce chat, je suis fou

Soir et matin, je le câline.

Détail : Seul dans la gent féline, 

Mon minet a horreur du mou.

 

Cette poésie me fut donnée, il y a 30 ans par Odette, une professeure de lettres aujourd'hui décédée qui repose dans un cimetière près du Tursan...

 

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