Le déjeuner de Minet
Quand mon minet dans l'alcôve
S'étire au premier chant d'oiseau
Il me tend son joli museau
Dont j'adore l''effluve fauve...
Le matin pour mieux m'éveiller
Le long de ma jambe se presse
Et pour quêter une caresse
Se hisse jusqu'à l'oreiller
Il demande une friandise;
Alors que j'ai vingt fois baisé
Et rebaissé son poil frisé
Je satisfais sa gourmandise.
D'abord d'un doigt léger, furtif
J'excite sa lèvre charmante
Et sa faim, tout de suite augmente
A ce premier apéritif
Il se tord comme une couleuvre
Il demande un plat sérieux
Je lui donne en attendant mieux
Un peu de langue pour hors d’œuvre
Dans ce déjeuner matinal,
Il ne mange pas, il dévore
Ce qu'il faut à mon carnivore
Ce n'est pas un morceau banal.
Aussi, voyez comme il le guette
Sa gueule qui va le saisir,
Est tout humide...et le désir
Fait gonfler sa rose languette...
Plein de gourmande volupté
Il frémit, son poil à la fièvre.
Enfin, je présente à sa lèvre,
Le déjeuner tant convoité.
Par bonds pressés, par soubresauts,
Mon chat gourmet, savant, procède,
Quand il sent que le morceau cède,
Il précipite les assauts.
Il presse, il tire, il tord, il broie
Rien du festin ne le distrait.
Non, rien, tant qu'il n'a pas extrait
Tout le suc que contient sa proie.
Alors, il se couche, ravi
Tout pantelant, il se repose.
Mais sa voluptueuse pose
Prouve qu'il n'est pas assouvi.
Mais moi, je réclame une trêve
Mes magasins sont épuisés.
Je le calme avec des baisers,
Il se rendort et mange en rêve.
Aussi de ce chat, je suis fou
Soir et matin, je le câline.
Détail : Seul dans la gent féline,
Mon minet a horreur du mou.
Cette poésie me fut donnée, il y a 30 ans par Odette, une professeure de lettres aujourd'hui décédée qui repose dans un cimetière près du Tursan...
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