Lors de mes recherches sur le site des archives départementales, j’ai découvert qu’un saint- séverin fut élu, en août 1944, 1er vice-président du comité départemental de la libération. Ce fut le bras droit de Léonce Dussarrat dit Léon des Landes.
Gaston Hittos est le grand père du Docteur Jean François Hittos que j’ai contacté. Avec son autorisation et plusieurs fonds d’archives, je mets ci-dessous en ligne des documents qui retracent parfaitement les activités de ce grand résistant localement méconnu.
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Gaston Hittos |
Mémoire rédigé par Jean François Hittos en juin 2023 qu’il m’a autorisé à publier sur ce blog consacré à l’histoire locale et régionale
HITTOS Gaston
né le 5 juin 1893 à Monségur (33), alias HONTANG Gervais dans la résistance
Ingénieur des travaux publics de l’état ( ponts et chaussées )
GUERRE 14-18 :
incorporé au 2ème régiment du génie , puis au 7ème, pour finir au 4ème génie
compagnie 8/7, (aspirant puis sous-lieutenant)
Il obtient la Croix de guerre avec 2 citations :
- le 20 août 1917 à Verdun (cote du poivre ) pour une blessure oeil droit
- le 20 février 1918 lors de l’attaque de Montcel
Après la guerre, il est nommé ingénieur des ponts et chaussées à Saint-Sever.
Il épouse en 1923 Marguerite Larrède, fille d’Albert Larrède maire et conseiller
général de
Saint-Sever et président de la chambre d’agriculture.
Son fils Jean nait le 18 mai 1924.
GUERRE 39-45 :
mobilisé à nouveau en 1939 comme capitaine du 6ème régiment de génie
commandant des camps de port Barcarès , Saint-Justin et Argelès où sont
accueillis les
Républicains Espagnols réfugiés en France.
Il est démobilisé en juin 1940 après l’armistice signé par Pétain et revient à
Saint-Sever.
Il entre en résistance début Juillet 1940 en faisant main basse sur le contenu
d’un train du génie, perdu en gare de Saint-Sever ( matériel de transmission et
explosifs) aidé en cela par tous les employés de la subdivision des ponts et
chaussées, fondant ainsi le groupe de résistance de la ville.
Par la suite, il continue en stockant du matériel et en pillant les dépôts
d’essence.
La ligne de démarcation coupant la ville en deux, il met au point une filière
d’évasion pour les évadés et les juifs qui la franchissent dissimulés dans les
voitures des ponts et chaussées.
Mais il trouve encore mieux = il dissimule juifs et pilotes alliés au Carmel de
Saint-Sever dont la mère supérieure était allemande (Autrichienne pour être précis).
La particularité de ce couvent était que la ligne de démarcation passait en
contrebas de ses murs. Son franchissement était donc facile en passant entre
deux patrouilles.
On se souvient du nom de l’un des juifs exfiltrés car il est devenu célèbre :
Ben Gourion ( on n’a jamais su s’il y avait un lien de parenté avec le futur homme
d’état israélien)
Le 5 juin 1941 il signe un engagement comme agent P1 dans le réseau Kléber sous
les ordres du Colonel Chabor ( alias Gutenberg ) puis comme agent P2 le 1er
juillet 1941 = service de
renseignement de l’armée française.
Le deux août 1942, il est arrêté par la Gestapo et incarcéré au fort du Hâ à
Bordeaux.
Il va y rester plus d’un mois soumis à des tortures quotidiennes.
Comme il ne parle pas, il est déporté le 4 septembre 1942 à la prison
Saint-Gilles à Bruxelles qui était alors le quartier général de la Gestapo pour
l’Europe de l’ouest où il est à nouveau
questionné. Il n’avoue toujours pas.
Et un petit miracle se produit, son dossier se perd entre Bordeaux et
Bruxelles, volé par la
Résistance.
Ne sachant donc plus ce qu’il faisait là, les Allemands le relâchent le 30
octobre.
Grâce à des résistants Belges qui lui fournissent vêtements et argent et qui
l’amènent à Lille, il regagne Saint-Sever en train, avec trente kilos de moins.
Il mettra plus d’un mois à se remettre.
Début 1943, se sentant surveillé, il passe dans la clandestinité établissant
son PC à Arboucave d’où il continue la lutte.
Il bénéficie d’un opérateur radio dédié ( M. Balancie d’Hagetmau qui est un
ancien de la marine)et est donc en contact direct avec Londres.
Il va fournir des renseignements militaires de premier plan. Il est en contact
avec le Commandant MARTIN officier allemand dirigeant la base aérienne de
Mérignac, anti-nazi convaincu dont la maitresse est originaire de Saint-Sever.
Vont passer entre ses mains, outre des renseignements sur la position des
troupes et les
défenses du mur de l’atlantique, les plans des bases de V1 et les plans de la
base aérienne de
Mont de Marsan ( permettant un bombardement ciblé en 1944).
Le 6 janvier 1944, il est nommé directeur militaire départemental avec grade de
chef de bataillon
Pour préparer le jour J, il se rend dans tous les maquis où il forme tous les
chefs de groupe au maniement des armes et des explosifs ( sa spécialité ).
Il organise les grands parachutages de 1944 = lieu-dit
les Abadaous à Saint-Sever et landes
d’Agès à Hagetmau.
Il rentre à Saint-Sever le jour de sa libération à la tête des FFI et devient
premier vice-président du comité départemental de libération.
Il va recevoir la croix de guerre, la médaille de la résistance et la légion
d’honneur.
Puis refusant tout avantage et toute promotion, il revient dans sa subdivision
de Saint-Sever.
J.F. H.
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La cérémonie après le départ des nazis fin août 1944 |
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