2 questions se posent la date de
-
la destruction des 3 piliers romans cruciformes
originels, identiques aux existants actuels. Cette destruction historiquement a
pour bornes 1360 – 1569
-
la reconstruction en piliers cylindriques. Par
le style architectural, cette reconstruction est plus proche de 1648 date de la
première mention sur un plan de ces piliers ronds.
Que disent les documents, les plans
historiques et les historiens de l’art ?
J.A. BRUTAILS
(1900) : Dans le Bulletin de la Société de Borda du 1er
janvier 1900 s’inspirant de Dom du Buisson l’histoire de l’abbaye en 1681, tome
1 page 172, note, écrit :
En1600 Jean de la Serre aurait élevé les 3 piliers
cylindriques placés dans la nef à droite en entrant.
J. CABANOT (fin 20ème siècle) dans ses
ouvrages dit XVème siècle
E. FELS (1941) dans son étude sur l’abbatiale, il
date les 3 piliers cylindriques après 1435
PLAN ETABLI PAR LABORIE 1648 (archives nationales) :
les 3 piliers ronds sont en place alors que le chœur est en ruine
PLAN 1678 Monasticon Gallicus Dom du Buisson les 3
piliers sont ronds
Que voit-on sur les bâtiments actuels :
Sur le sommet d’une de deux fenêtres du bas-côté sud au
niveau des piliers ronds, on lit 1622
EVENEMENTS CLASSES CHRONOLOGIQUEMENT AYANT PU DETRUIRE
CETTE PARTIE DE L’ABBATIALE :
PREMIERE HYPOTHESE : LA PRISE DE LA VILLE PAR
SURPRISE PAR JEAN DE POMMIERS, SIRE DE LESCUN EN 1360
Aucun auteur ne parle de destructions concernant l’abbatiale
mais seulement d’incendie de l’abbaye
DEUXIEME HYPOTHESE : LE TREMBLEMENT DE TERRE DU 3
MARS 1372
L’onde du tremblement de terre vient du Sud (Pyrénées ?)
elle frappe les parties les plus élevées de l’édifice et les moins liées entre
elles. Le chevet et le transept en raison de la densité des bâtiments n’ont pas
souffert. La nef par la hauteur de sa voûte et l’équilibre fragile des arcs
boutants sont des facteurs aggravants.
Cette hypothèse est plausible mais le style des piliers
cylindriques ne correspond pas à la fin du 14ème siècle.
TROISIEME HYPOTHESE : LE SACCAGE DE L’ABBAYE EN 1435
La ville est prise par de Villandrando et l’abbaye est
saccagée.
Cette 3ème hypothèse est plausible. Les piliers
cylindriques peuvent être mi 15ème siècle comme le suggère Jean
Cabanot.
QUATRIEME HYPOTHÈSE : LA PRISE DE LA VILLE PAR
CHARLES VII LE 28 JUIN 1442
Les 27 et 28 juin 1442, l’armée française n’a pas eu
le temps de monter des machines de siège ou de faire travailler la jeune
artillerie des frères Bureau
CINQUIEME ET DERNIER HYPOTHESE : OCCUPATION DES
HUGUENOTS DU 11 SEPTEMBRE 1569 A FIN AOUT 1570
Les troupes huguenotes résident à Saint Sever pendant près d’un
an. On connaissait les démolitions dans l’abbaye : destruction des
bâtiments conventuels par incendie, à l’abbatiale : abside, 2 piliers sud
du chœur, portail, clocher de la croisée du transept.
En lisant Dom du Buisson dans son ouvrage de 1681, réédité
en 1876 par Pédegert et Lugat à Aire sur Adour, tome 1 page 172, note en bas, je
pense que les Huguenots ont abattu le portail mais également les 3 premiers
piliers à droite dans la nef et donc la partie correspondante du collatéral
sud.
Il faut croire Dom du Buisson. En 1681, il doit avoir un âge
avancé quand il rédige son histoire de l’abbaye. De ce fait, il a connu des
moines qui avaient peut être vu la construction des piliers ronds ou du moins
qui avaient connu des moines plus âgés vivant au début du 17ème
siècle.
Après le départ des Huguenots, les bénédictins vont vouloir
réutiliser en partie l’abbatiale. Ils font rebâtir les 3 piliers cylindriques,
le collatéral sud, les arcs boutants, la voûte de la nef et la façade que l’on connaît au début du 19ème siècle.
La reconstruction du transept était plus complexe et plus
onéreuse. Ainsi, on peut imaginer un mur cloison au niveau de la chaire actuelle
pour permettre la reconstruction du transept et du chevet. Cette disposition
permettait aux fidèles d’entrer dans le sanctuaire seulement par la porte
principale.
Cette phase de travaux peut débuter en 1600 (30 ans après le
départ des huguenots) et s’achever en 1622 comme indiqué au sommet de l’arc
d’un des deux fenêtres du collatéral sud.
Le plan Laborie 1648 corrobore l’hypothèse décrite ci-dessus.
Cette cinquième hypothèse
me paraît la plus plausible.